La convivialité d'un rade d'antan avec l'exigence d'une alimentation saine et durable d'aujourd'hui, c'est l'heureux mariage de ce café, bar et restaurant du quartier Longchamp. Avec les Eaux de mars, le manger bien coule de source.
C’est un bistrot comme on en rencontrait à chaque coin de rue au siècle passé. De ceux où l’on s’appelle par son prénom et qui vit tout au long de la journée, depuis le petit café avalé fissa le matin en jetant un œil à la presse, au déjeuner entre « collègues » le midi, jusqu’à la pression bien fraîche de fin de journée où l’on refait le monde. Un réseau social de la vraie vie quoi, qu’un duo pas même trentenaire a voulu faire revivre à sa façon.
Respecter le passé – la jolie devanture bois et les ferronneries ont été gardées et soulignées par la jolie enseigne d’un peintre en lettres – tout en y insufflant du vivant, tel était le pari de Noémie Lebocey et Arthur Faure en reprenant cette affaire.
Du goût, la jeune cheffe passée par les beaux-arts a su en insuffler à tous les niveaux. Depuis la transformation du lieu où la récup’ ne fait pas toc et les murs servent de cimaises à des expos temporaires (ndlr: actuellement les portraits intimes d’Ariane Ponzio) jusqu’au belles assiettes dressées comme à la parade avec des légumes pimpants croquants qui font leur fête à la tendre barbac ou la pêche du jour.
On n’est donc pas surpris d’apprendre qu’elle a fait ses armes dans des bonnes tables à Caen, de celles où l’on fait des miracles avec des simples produits de saison issus du terroir local. Le local justement, il en est question partout dans les sources d’approvisionnement qu’on affiche fièrement. Les Café Luciani, des bières Rubé, Zoumai ou la Griphète, les tranches du Bar à pain ou des Mains Libres, une sélection de vins par les Avinturiers en direct des producteurs, les fruits et légumes de Manu le Paysan moderne, les viandes de chez Alazard et Roux, dont vous êtes coutumiers si vous suivez Love spots. Que du beau (bon) monde qui leur vaut d’obtenir le nouveau label ecotable qui identifie et valorise les restaurants éco-responsables à partir d’un cahier des charges qui tient aussi en compte de l’aspect humain.
L’ardoise ne fait pas dans l’épate. Elle se résume à quelques plats qui changent régulièrement pour ne pas lasser les palais ni les yeux.
Mais quand les papilles frétillent le verdict est sans appel : c’est tout simplement une très bonne table. Thon snacké au pesto et petits légumes, keftés de bœuf , taboulé et sa crème aux herbes dont on ne laisse pas une miette ce jour là.
Le soir au comptoir au dehors sur les mange-debouts, des petites assiettes à partager vous font faire le tour de la Méditerranée avec un vent de créativité : soupe de poisson aïoli paprika fume, gnocchi au gouda et magret fumé, burrata melon sumac, etc.
Mais les Eaux de Mars ne serait pas pour autant une bonne adresse si l’accueil et le service n’étaient pas à l’avenant. Au comptoir Arthur, l’ancien volleyeur promène sa longue silhouette avec nonchalance et bienveillance, entouré d’une joyeuse équipe qui assure au service (Julien, Alexia et Gabriella) et qu’on ne sent pas blasée de la vie – comment l’être dans un tel décor ?
Le nom du lieu aussi vous réserve une surprise. En le prononçant, on pense bien évidemment à l’arrivée des Eaux de la Durance à Marseille célébrée par l’édification d’un magnifique Palais à deux pas de là. Mais ce nom est aussi celui d’un chanson de Georges Moustaki, une adaptation de Carlos Jobim qui leur rappelle leur périple en Amérique du sud. Et la bossa, c’est bien tout ce qui lui va à ce joli bistrot là.
Le Petit Plus : Les soirs de fin de semaine, l’apéro devient gourmand avec des petites assiettes à partager dedans/dehors
Par Eric Foucher