A l’heure du numérique et de la diffusion en streaming, ce ciné-bistrot renoue avec le cinéma comme lieu de convivialité, d’échange et de partage. Aux gourmands spectateurs, la Baleine ne reprochera jamais d’avoir les yeux plus gros que le ventre.
Les moyens techniques changent mais les codes semblent immuables. En levant les yeux, on remarque que l’enseigne de lettres noires sur fond blanc cernée d’ampoules à l’ancienne a été préférée aux néons criards. Les affiches de cinéma qui habillent le couloir menant à la salle de projection rappellent, elles, l’esprit des ciné-clubs. Quant au comptoir du bistrot, il eût pu être le décor de l’émission « la dernière séance ».
Ce sont ces références rassurantes à des lieux qui ont marqué leur enfance et sans doute celle de beaucoup d’entre-nous que l’on retrouve dans ce nouveau concept de cinéma art et essai. Situé en plein cœur de ville dans le poumon historiquement culturel et bohème de la ville, ce projet a été mûrement réfléchi par deux acteurs de l’action culturelle et de l’économie numérique : Thierry Ordonneau, créateur du label Shellac qui assure la distribution en salle d’un catalogue d’une centaine de film mais aussi la production cinématographique et Cyril Zimmermann fondateur du Groupe Hi-media. C’est à Nicolas Grasset et à Juliette Grimont, déjà programmatrice du Gyptis qu’ils ont confié la direction et la programmation de ce nouveau lieu hybride qui se veut ouvert à tous.
A peine installé, il semble déjà faire partie du paysage. Ouvert sur le Cours julien avec sa grande terrasse, c’est un bistrot chaleureux a la magnifique décoration proposée par Honoré qui accueille avant ou après les séances les amoureux du septième art en manque de partage. Qu’ils soient des cinéphiles avertis lors de débats avec des réalisateurs, simples passionnés lors d’avant-premières ou bien encore avides de découvrir des images autrement que sur une tablette pour les plus jeunes générations lors de ciné-goûters.
On mange très bien aussi dans le ventre de la Baleine. Des classiques de la cuisine bistrot (NB : une carte élaborés par l’équipe du Paris Pop-up à qui on doit la Mercerie) avec un petit twist de modernité : œufs mimosa, rillettes de maquereaux, toast de crabes et autres caillettes, une jolie carte aux heures des repas et des petits plats à grignoter entre les séances tout au long de la journée. La carte des vins ne s’en laisse pas compter, réunissant des nectars bio et souvent naturels de petits producteurs de la région mais aussi de Loire, d’Alsace, des Côtes catalanes ou d’ailleurs.
Un seul écran mais qui offre les dernières technologies numériques en matière de projection pour de très nombreuses séances tout confort. Les 89 places sont espacées et confortables et la hauteur sous plafond offre un volume surprenant. Pas moins de cinq séances par jour proposées pour découvrir ce que le cinéma indépendant propose de meilleur (et qui n’était bien souvent plus projeté avant sur Marseille) mais aussi revoir des chefs d’œuvre du cinéma remasterisés. Car tout comme les projets de Ciné-plein air qui arriveront aux beaux jours, les missions de restauration de films cultes en péril font partie du cahier des charges bien rempli que s’est fixé la fine équipe qui avec ce beau cétacé prouve que le cinéma de quartier a encore toute sa place dans nos villes.
Le Petit Plus : Ouvert en continu avec des séances et une restauration légère à toutes les heures.
Par Eric Foucher