On tombe si vite le charme de ce petit restaurant à la cuisine fraîche et créative que l’on voudrait le rebaptiser affectueusement « Ma Caille » et ne le garder que pour soi.
Cet oiseau maintenant bien identifié des gourmets vole bien au-dessus de ce que l’on peut trouver d’ordinaire dans un quartier de la Plaine malheureusement de plus en plus crasseux. L’imbattable formule du midi à 12 balles des débuts (uniquement le samedi dorénavant) à vite fait mouche. En même si la note à la carte est plus élevée au déjeuner comme au dîner, l’épatant rapport qualité-prix reste sa meilleure arme devant d’autres atouts indéniables qu’il convient de passer en revue. Une carte simple (4 entrées, 4 plats et 4 desserts) mais avec tout ce qu’il fait pour varier les plaisirs entre viandes et poissons accompagnés de légumes de saison provenant de producteurs locaux. Des produits bien connus de notre terroir (pintade, veau, bœuf et poisson) mais dont les goûts et les textures deviennent méconnaissables grâce à des accords improbables avec des légumes et des jus qui les subliment – ainsi ce poivron grillé en velouté et sa brunoise de pastèque et concombre, feta et menthe dégusté ce soir là. On prend plaisir à croiser les assiettes pour découvrir de nouvelles saveurs d’autant que les dressages mettent en valeur les plats que la serveuse vous décrit avec force détails. Derrière sa devanture sobre et une enseigne néon qui trompe bien son monde – l’appellation « Lacaille » provient en fait de l’Abbé du même nom qui était astronome, le bistrot affiche une élégance discrète et rare dans un quartier où l’on confond souvent populaire avec négligé. Nappes et serviettes en tissu, intérieur sobre façon bistrot avec des joli détails (comme ce triptyque de plateaux de skate signé Boom Art à l’entrée) et enfin une joli courette sans chichi et très agréable. Et si une signature musicale discrète venait parachever cette belle réussite ? (EF)
