Dans le quartier des cols blancs, on s’encanaille autour d’une cuisine de produits paysans. Dans cette cantine et épicerie bio, on dévore locavore et garde les pieds sur terre pour une pause déjeuner tout en convivialité.
C’est à Buenos Aires que cet arrosoir-là était censé initialement faire fleurir ses idées de cuisine française à la bonne franquette. Mais le destin a voulu que le trio exilé en terre australe rapatrie leur cantine du bout du monde vers un coin de bitume austère de la Joliette, leur logo rigolo seul rescapé du voyage. De port et en port et à l’horizon de la quarantaine, il en fallait pourtant plus pour entamer la motivation de ces parigots pas bobos débarqués avec la marmaille.
Le local vite trouvé et les cloisons tombées, Jérôme, Adrien et Yannick tirent les plans avec la NEF (banque éthique) et un ami architecte de leur futur repaire pour manger bien et pas cher. En trois mois l’affaire sur des structures métal est montée utilisant au maximum les volumes proposés grâce à un système des caissons de bois faisant office de présentoirs comme de réserve sur les hauteurs.
D’un côté une cuisine ouverte sur la salle et la rue grâce à une vitrine à crémaillère, de l’autre les rayonnages d’une épicerie de bons produits qu’ils aiment cuisiner. Au fond enfin la petite salle à manger et des comptoirs pour prendre plaisir à regarder ce trio pas banal s’affairer aux fourneaux.
Travailler des produits frais, locaux et si possibles bio, rendre leur cuisine accessible au plus grand nombre en travaillant avec des marges raisonnables pour que tout le monde s’y retrouvent (fournisseurs comme clients) tel est leur crédo et le sens qu’ils veulent donner à leur travail. Une démarche loin d’être opportuniste. On la retrouve même sur toute la chaîne depuis l’énergie 100% renouvelable du lieu fournie par une coopérative, au pain fabriqué dans une boulangerie solidaire (Pain et partage) en passant par les légumes issus de la plateforme paysanne mais aussi un chantier d’insertion de maraîchage biologique (Graines de soleil) et un café torréfié à Marseille et emballé par des travailleurs handicapés au sein d’un Esat.(Makeda).
Au delà des bonnes actions vient le temps de la dégustation. Plateau de plastoc en main on se fait expliquer la formule et garnir un grand bol Duralex (oui celui de la cantoche avec votre âge marqué au fond) autour d’un principe simple. Une base de céréales (riz, blé, etc) et des crudités dans le fond; des légumes cuisinés (patates douces et fenouil ce jour là) et d’autres crudités cuisinés sur le mesclun : et pour couronner le tout un supplément protéiné (omelette, viande ou poisson) pour ceux qui le souhaitent. Pas l’embarras du choix donc mais l’essentiel pour contenter votre estomac et ravir vos papilles. De la texture et du goût en bouche comme ce délicieux veau en cuisson lente dans une marinade huile de soja, moutarde, gingembre et curcuma.
En attendant les beaux jours et la terrasse végétalisée, on se peut aussi découvrir cette adresse de copains en mode apéro autour de planches de fromages et charcuteries et d’un bon vin du coin chaque vendredi soir. Le lieu est aussi ouvert le matin pour le petit déjeuner et l’après-midi en mode salon de thé et épicerie. L’avenir dira si ces messieurs feront le bonheur du boulevard des Dames. Leur cuisine simple et leur accueil chaleureux ont en tout cas fait le nôtre le temps d’une pause déjeuner. (EF)
Le Petit Plus : le panier de fruits et légumes bio de l’épicerie de Arrosoir (2 tailles : 15 et 25€ ) avec les conseils pour les cuisiner et le service traiteur (à consulter sur le site)
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