Marseille, à jamais les premiers ! La métaphore footbalistique colle parfaitement à la belle idée initiée par la prison des Baumettes et l’association Festin : créer le premier restaurant d’insertion en milieu carcéral. Attention spoiler : c’est beau et (très) bon.
Aux portes de la calanque de Morgiou, là où on croise randonneurs vaillants ou en sueur, la prison des Baumettes est presque invisible. On sait qu’elle est là mais sans vraiment y prêter attention. Alors quand on apprend qu’un restaurant a ouvert dans son enceinte il y a quelques mois, un restaurant d’un nouveau genre évidemment, notre curiosité est piquée.
Pionnier en France, les Beaux Mets est un projet pilote porté par la SAS, structure d’accompagnement vers la sortie, et l’association Festin, champion toutes catégories de projets à forte valeur sociale autour de la cuisine. Le principe est simple : aider à la réinsertion les détenus en fin de peine ou condamnés à moins de deux années d’emprisonnement.
Vous connaissiez les restaurants d’application, voici donc un restaurant de réinsertion qui espère faire des petits partout en France.
C’est derrière les portes blindées de la prison qu’il faut donc aller, côté Baumettes historiques, sauvées de la destruction pour accueillir ce projet. Préalablement il faut avoir réservé car on ne débarque pas à l’improviste aux Baumettes. Il faut montrer patte blanche, ici un casier judiciaire vierge. Le sésame obtenu, le personnel pénitentiaire vous accueille et vous explique comment va se dérouler votre venue.
En cuisine, la cheffe Sandrine Sollier, ancienne du Petit Nice et sa seconde Thaïs Clamens sont aux commandes d’une brigade énergique, souriante ou discrète selon les personnalités, concentrée sur l’avenir. En salle, l’équipe parcourt des kilomètres pour satisfaire les clients sous l’oeil bienveillant d’un maître d’hôtel.
Dans l’assiette, l’inspiration est méditerranéenne, à base de produits de saison, frais et locaux quand c’est possible, des plats sans gluten parfois, option végétarienne toujours. La carte change tous les 3 mois. A chaque nouvelle saison, un.e chef.fe marseillais.e vient donner une master-class autour d’un plat signature qu’on va ensuite retrouver à la carte. En ce moment, ne ratez pas la réinterprétation de l’aïoli de Ludovic Turac, chef d’ Une Table, au sud.
Une expérience qui a tout bon, pour les papilles mais aussi pour le coeur, qui ouvre des portes et les yeux sur un monde qu’on connaît souvent mal ou qu’on maltraite avec force clichés. Mais le mieux, c’est encore d’y aller !
Le Petit Plus ? Le petit plus pour une fois pourrait peut-être vous appartenir, à vous d’apporter un petit plus à ce lieu et à cette initiative en les soutenant. Allez-y régulièrement et emmenez vos ami.e.s de passage.
Par Valérie Vangreveninge (photos : Caroline Dutrey)
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