Un phare, une bibliothèque, un roi conquérant, une reine audacieuse : que reste-t-il dans l’inconscient collectif pour évoquer l’Alexandrie d’hier et d’aujourd’hui ? En enlevant la couche de vernis et en levant le voile du fantasme, cette exposition tente d’apporter des réponses.
Alexandrie est cette ville égyptienne immensément connue et paradoxalement très difficile à figurer pour les gens. Saviez-vous par exemple que celle ville symbolisant la puissance de la dynastie de Ptolémées fût édifiée sur une étroite bande de terre entre la mer Méditerranée et le Lac Mariotis ? Qu’étant éloignée du Nil, elle dut très tôt trouver des solutions pour son approvisionnement en eau par le construction d’un canal et de citernes ?
« L’objectif de cette exposition est de nous inviter à puiser dans l’histoire, la mythologie et les réalités d’Alexandrie pour aider à une meilleure compréhension de l’Europe et de ses histoires fondatrices » (Edwin Nasr et Sarah Rifky.)
C’est en réunissant près de 200 œuvres et 14 artistes contemporains que les quatre commissaires de l’exposition ont décidé avec l’exposition « Alexandrie – Futurs Antérieurs » de nous donner les clés pour mieux comprendre le temps de l’histoire et celui du rêve qui a donné naissance au mythe.
Pour cela l’exposition est divisée en deux sections. La première s’intéressant à l’histoire et l’urbanisme de la ville auquel Alexandre le conquérant, roi de Macédoine a donné son nom. La seconde se focalisant davantage sur le pouvoir et savoir qu’a exercé cette ville sur chaque rive de la Méditerranée, notamment à l’époque de la reine Cléopâtre où le rayonnement scientifique et philosophique était très grand.
Si la ville est aussi difficile à appréhender aujourd’hui, c’est que les éléments se sont acharnés sur elle.
« Il est malheureusement difficile de présenter ce qu’était l’Alexandrie antique, notamment en raison d’un tsunami qui a ravagé les côtes et le centre-ville au IVe siècle de notre ère »
Une sélection inédite d’œuvres d’art contemporaines dont trois spécialement conçues pour l’exposition par les artistes Wael Shawky, Jasmina Metwaly et Mona Marzouk permet de rendre compte de la façon dont cette mégalopole vit de cet héritage aussi riche que lourd aujourd’hui.
« Il était fondamental de donner la parole à des artistes égyptiens pour qu’ils puissent donner leur propre vision de la ville et de la construction de certains mythes l’entourant. » (Arnaud Quertinmont)
Passé colonial, soubresauts politiques, érosion écologique, chaque artiste tente de revisiter l’histoire et le présent de la ville égyptienne en se jouant parfois des stéréotypes qui lui sont traditionnellement associés comme ces décors kitch de l’antique que l’on peut trouver dans des studios photos.
Par Eric Foucher