Marseille et sa rade sont à l’honneur ce printemps et cet été, en accueillant la flamme olympique et les épreuves de voile des Jeux Olympiques. Le Musée Regards de Provence et la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provenc avaient à cœur d’accompagner cette dynamique à travers une exposition exceptionnelle dévoilant une partie du patrimoine de la Chambre de Commerce et d’Industrie Aix-Marseille-Provence.
Le fil conducteur de cette exposition est tout naturellement les bassins portuaires, les infrastructures appuyant leur développement, les hommes qui y travaillent et les navires qui y évoluent.
Ils sont interprétés par le talent d’artistes aux techniques plurielles et aux regards singuliers.
Ce sont ainsi différents visages d’une Marseille maritime qui sont mis en lumière et la valeur documentaire et historique incomparable de la plupart des œuvres exposées ne doit pas occulter leur intérêt artistique.
Aux côtés de figures de la scène artistique marseillaise que l’on retrouve toujours avec plaisir, comme Casile, Ponson, Moutte, Astruc, Verdilhan, l’on découvre des artistes à la touche souvent singulière, comme Poggioli, Bourget, Galland ou Boussion.
Acteur incontournable de la vie économique locale depuis sa fondation en 1599, la CCIAMP, la première chambre de commerce au monde, s’emploie à favoriser le commerce et les échanges maritimes.
La CCIAMP conserve quantité d’archives témoignant des relations internationales qu’elle a tissées et entretenues, tant avec la diplomatie qu’avec les négociants du pourtour méditerranéen.
Oubliez les criques charmantes, les cabanons, les baigneurs, les restaurants de bord de mer : le regard se tourne ici vers les travailleurs, les navires et les grues ; les quais de déchargement encombrés de marchandises locales ou exotiques et les tenues bigarrées de ceux qui les arpentent, venus des quatre coins du bassin méditerranéen, voire de plus loin encore ; les portefaix peinant sous le poids de leurs colis et les cheminées fumantes des bateaux à vapeur.
On est loin des panoramas de cartes postales, bien qu’un certain sentiment de pittoresque puisse se dégager à l’évocation de ces métiers, de ces machines et de ces édifices disparus.
Toutes les époques sont représentées, de Victor Coste qui nous propulse dans une Massalia tout juste fondée à Jean-Frédéric Canepa qui dépeint la Marseille meurtrie d’après la Libération. Ces quelques quatre-vingt-dix œuvres proposent pour ainsi dire un condensé de 26 siècles d’activité maritime.
Quatre sections rythment et structurent l’exposition.
La première souligne l’attrait des artistes pour les infrastructures portuaires, qui s’étendent et se modernisent à marche forcée à compter de la Révolution industrielle. La génération suivante s’attachera sans surprise au pont à transbordeur (Galland, Sabattier), qui divisait si fort les peintres, comme aux immenses grues coulissant sur leurs rails (Boussion, Astruc, Stamboulian)
Consacrée aux quais et à leurs acteurs, la deuxième section remet l’homme, jusque-là discret, au premier plan des compositions. Badauds, portefaix et dockers, vendeurs de rue, matelots, voyageurs, bourgeois et négociants se pressent autour des bassins, qu’ils travaillent, débattent, ou se fraient simplement un chemin parmi les attelages et les marchandises fraîchement débarquées ou bientôt chargées à bord.
Un troisième temps réunit les marines, mais des marines qui sont autant de portraits, comme le confirment les titres-mêmes des œuvres : isolés plein centre, les navires y sont figurés de profil, voguant sur des flots assez agités pour conférer du mouvement à des compositions sinon un peu figées.
L’exposition se termine sur un bel ensemble d’affiches, la plupart éditées par de grandes compagnies de transport maritime pour souligner à la fois la modernité de leur flotte et le nombre des liaisons assurées, avec souvent Marseille pour toile de fond.
Il y est question, en filigrane, de la prospérité et du dynamisme de la ville et de son port, de sa position dominante à l’échelle du bassin méditerranéen et de la plus-value qu’elle retirait de ses échanges avec les colonies.
Le Petit Plus : Atelier créatif by Simon « Marseille au cœur maritime » . Fréquence : le premier samedi et le quatrième dimanche du mois. Forfait unique atelier : 12€ par personne comprenant le droit d’entrée et les fournitures gratuites (de 5 à 20 personnes maximum – durée 1h30 avec visite de l’exposition). Accessible à tous en priorité aux 6-12 ans, adultes accompagnants bienvenus.
Photos : « François Jonniaux / CCIAMP / LA COLLECTION »