L’ancienne station sanitaire maritime construite par Fernand Pouillon en 1948 vient d’être réhabilitée avec soin pour accueillir espaces d’expositions, librairie et café
Rendre sexy et accueillant un équipement initialement prévu pour la désinfection des passagers arrivant par les mers et les airs, ce n’était pas gagné. Quand on sait de plus qu’il a été dessiné par un grand maître de l’architecture fonctionnaliste d’après-guerre peu connu pour ses excentricités, cela rend l’exercice d’autant plus délicat. C’est pourtant le pari réussi en un temps record (et bien inhabituel à Marseille) par la Fondation Regards de Provence avec le Musée du même nom qui a volé la vedette à tous les autres grands équipements de la ville (Frac, Villa Méditerranée) en étant le premier à ouvrir en cette année Capitale. Pas de révolution architecturale dans ce parallélépipède surplombant l’entrée de l’autoroute mais une réhabilitation qui a eu la bonne idée de conserver l’esthétique industrielle du lieu en laissant voir autoclaves, machineries, carreaux de verres et céramiques d’époque. On découvre d’ailleurs toute l’histoire de ce lieu étrange en trois dimensions grâce au dispositif vidéographique, sonore et multimédia imaginé par les artistes Dominik Barbier et Anne Van den Steen et qui constitue l’exposition permanente. La partie muséale proprement dite débute dans la salle « Vieux Port » consacrée aux peintres provinciaux de l’époque classique avant de se poursuivre à l’étage avec les grands noms du genres du XIX et XXè siècles (Chabaud, Monticelli, Audibert, Ziem, etc.). La salle « Estaque » qui suit présente les artistes plus contemporains à l’image de Traquandi, Plossu, Surian, Ramade, Ceccarelli, Viallat, Berneix et consorts. Entre la librairie et une boutique l’Occitane, un escalier mène au restaurant. Le Regard Café tient toutes ses promesses. Loin de la froide caféteria, sa décoration d’inspiration maritime est colorée et chaleureuse. Depuis les baies vitrées de la salle principale ou la terrasse extérieure, il offre une vue panoramique sur le J1 et la digue du large qui permet de comprendre pourquoi tant de peintres furent fascinés par cette façade maritime sans nulle autre pareil.