Quoi ? : Sculptures, vidéos et installations
Où ? : MuCEM, 1, Esplanade du J4, 13002 Marseille, France
Quand ? : 2 avril > 28 septembre 2025
Combien ? : Gratuit
Un lien ? : Cliquez-ici

Grâce aux œuvres de Laure Prouvost en résonance avec ses murs et la mer en contrebas, le Fort Saint-Jean du Mucem se transforme un village artistique vivant. Il ouvre les portes d’espaces inédits à travers une balade d’art contemporain que l’on pourra poursuivre jusqu’à la chapelle du Centre de la Vieille Charité pour découvrir une dernière œuvre de l’artiste.

Du Mucem on connaît surtout ce cube monumental enveloppé d’une dentelle de béton fibré inspirée des moucharabiehs orientaux. On oublie souvent que l’architecture militaire du Fort Saint Jean construit en 1660 sur ordre de Louis XIV fait aussi partie de ce Musée National.

Avec la carte blanche offerte à l’artiste de renommée internationale Laure Prouvost, le Mucem souhaite repartir à la conquête du Fort dont seulement 14 % des bâtiments étaient jusqu’à maintenant ouverts au public.

En ouvrant les portes de nouvelles salles (chapelle, casemate, etc) le Mucem invite le public à déambuler et redécouvrir le Fort Saint Jean

A travers des œuvres inédites créées spécialement pour le lieu – à commencer par la sculpture-girouette, Laure Prouvost s’est interrogée sur leur rapport au lieu, à ses pierres, à l’histoire militaire, au vent.

Avec l’imagination comme acte de résistance à la violence du monde réel, ses installations mêlent des objets du quotidien avec des artefacts fantastiques ou glanés dans les réserves du musée.

Elle tisse autour de ses œuvres des récits absurdes et émouvants où le réel et l’imaginaire s’enlacent.

Son langage français et anglais qui joue sur les mots dans le titre de son expo comme de ses pièces (« Au fort, les âmes sont », « Mère We Sea ») souligne les malentendus, les lapsus, les fautes volontaires. Cela donne une voix étrange et séduisante à ses installations qui semblent chuchoter, séduire, et nous interpeller directement.

Parmi les quatre œuvres présentés au Mucem, on s’intéressera plus particulièrement à la sculpture-girouette installée au sommet de la tour du roi René et visible depuis le Vieux-Port,  qui semble signaler l’exposition. En cuivre étamé et verre de Murano, sa délicate silhouette de sirène jongleuse se détache avec poésie du ciel bleu et réfléchit le soleil tel un phare.

A ne pas rater également Sous les flots, les âmes sont (2024), une magnifique vidéo filmée autour des îles du Frioul et dans les calanques avec des acteurs apnéistes.

Elle immerge le spectateur dans un monde sous-marin où les corps se métamorphosent en éléments organiques (sable, algues ou anémones). Un ballet féerique qui questionne la dissolution de l’identité et la relation symbiotique entre l’humain et la nature.

Avec « Mire le mirage » les objets manipulés par l’anémone magique du film ci-dessus rejaillissent sous un jour nouveau. L’œuvre s’inscrit dans la démarche de Prouvost de mêler poésie visuelle, artisanat et narration sensorielle. L’installation prend la forme d’un lustre suspendu, conçu en collaboration avec le CIRVA (Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques) et le Berengo Studio de Murano. Autant d’objet et formes en verre soufflé, matériau qu’elle affectionne pour sa fragilité, sa transparence, mais aussi sa capacité à se métamorphoser.

On retrouve cette collaboration dans l’œuvre immersive intitulée « Mère We Sea » à la chapelle du Centre de la Vieille Charité.

L’installation monumentale évoque une figure maternelle et féconde et convoque les mémoires des habitants du quartier du Panier dont on entend les récits dans les coursives.

Sous le dôme monumental de la Chapelle  les poissons de verre semblent voler dans un univers aux reflets aquatiques.

Par Eric Foucher / Texte et Photos