C’est un peintre connu de son temps puis tombé dans l’oubli que le Musée des Beaux-Arts a choisi de remettre à l’honneur. Un excentrique dans sa façon de vivre, un classique dans sa façon de peindre.
Théodule Ribot… Avec un nom pareil, il facile de déceler les origines franchouillardes de ce peintre réaliste. Mais hormis les spécialistes de la peinture du XIXème siècle, qui peut se targuer de connaître vraiment son œuvre ? L’exposition du Musée des Beaux-Arts, qui se situe dans l’aile gauche du Palais Longchamp dont on célèbre les 150 ans, est comme une séance de rattrapage. Une façon de mieux cerner cette personnalité majeure de l’histoire de l’art français qui fut l’ami d’artistes comme Courbet, Monet, Corot, Rodin ou encore Puvis de Chavannes – à qui l’on doit la célèbre fresque « Marseille Porte de l’orient » dans l’escalier du Musée.
D’origine modeste, Théodule Ribot (1821-1893) a dû pratiquer de nombreux métiers en parallèle de la peinture pour subvenir à ses besoins et ceux de ses proches. Ce n’est qu’en 1861, à l’âge de trente-huit ans, qu’il est enfin accepté au Salon, événement de référence pour les peintres de l’époque. Un succès auprès de se ses pairs qui ne se traduit malheureusement pas forcément en vente de tableaux. Il vivra toujours en banlieue parisienne, ce qui lui vaudra le sobriquet « d’excentrique », lui si loin des mondanités et du cénacle des peintres reconnus.
Ses portraits de cuisiniers et ses natures mortes autour des produits de la gastronomie – un domaine français qui explose à l’époque – lui colle une étiquette dont il aura du mal à se défaire. Il s’attachera pourtant à bien d’autres thèmes qui vont rythmer l’exposition. Un trait commun néanmoins à tous ses tableaux, c’est cette filiation évidente avec ceux qu’on a appelés les «caravagesques» et la peinture baroque espagnole (Zurbaran, Murillo) que le public français découvre sous Louis Philippe lorsqu’il lui dédie une aile du musée du Louvre.
Comme eux, le peintre français aime à jouer du clair-obscur pour mieux détacher ses sujets des décors. Ceci dans ses portraits des humbles qu’il connaît, mais aussi dans les scènes historiques et religieuses dont le réalisme souligne toute la noirceur et la violence.
Le sous-titre de l’exposition « une délicieuse obscurité », tiré du poème La chambre double de Charles Baudelaire, décrit bien cette ambivalence.
Le parcours de l’exposition au premier étage du Musée est composé de 80 tableaux de Théodule Ribot mais aussi des peintres baroques ou contemporains qui l’ont inspiré. Certains ont fait l’objet de prêts exceptionnels comme celui de Jusepe de Ribera du Palazzo Pitti à Florence.
Par Eric Foucher