Son image de type trouble et de voyou, on la connaît assez bien. Celle de photographe, assez moins. L’exposition « Tants d’arrêts » qui débute à la Voûte Virgo est l’occasion de parler de cette première passion, celle qui ne l’a jamais quitté durant toute sa carrière.
Un sale type, Cyril Lecomte ne l’est qu’au cinéma, notamment dans son rôle de commissaire lâche et vendu de la Bac Nord dans le dernier film à succès Cédric Jimenez. Dans la vraie vie, c’est plutôt une bonne pâte qui depuis Marseille continue paisiblement sa carrière de comédien et d’acteur. L’ancien élève de Marcel Maréchal au Théâtre de la Criée a enchaîné les rôles pendant près de trente ans, depuis les « Collègues » de Philippe Dajoux jusqu’à « la French » de Cédric Jimenez en passant par la saga « Ducobu » de Philippe de Chauveron ou encore « Truands » et « 96 heures » de Frédéric Schoendoerffer. Aujourd’hui, entre deux tournages, il prend le temps de réunir ses meilleurs clichés pour les exposer. Rencontre juste avant l’accrochage. ,
De quand date exactement cette passion pour la photo ?
J’ai commencé à l’âge de 15 ans, ce qui m’a conduit bien évidemment au laboratoire pour faire mes premiers développement et mes tirages.
On parle-là d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître …
A l’heure du tout numérique, l’argentique revient beaucoup paradoxalement. Il existe maintenant des labos que tu peux louer à l’heure. Tu n’as plus besoin de t’emmerder à transformer ta salle de bain en dark room : faire l’obscurité, installer une lampe rouge et manier les chimiques, faire l’aération. Ça existe déjà à Paris et bientôt à Marseille. Lors d’un tournage en Belgique, j’ai rencontré un type qui se spécialisait dans le développement de ce type de concept de libre-service.
Vous souvenez-vous de votre premier appareil ?
Mon première appareil a été un Minolta mais c’est le second, un Leica, qui m’a accompagné. J’avais un très bon ami guitariste (également photographe) qui renouvelait très souvent son matériel et m’a proposé in Leica CL avec un 40 mm. Fut un temps où j’ai rencontré des difficultés financières car je tournais peu. Je suis allé me renseigner pour le revendre chez un marchand du boulevard Beaumarchais à Paris, le cœur un peu serré. Je me suis aperçu là que l’appareil portait mes initiales. C’était comme un signe. Du coup je suis reparti et ne l’ai pas vendu. Je fais toujours des photos avec !
C’est donc c’est la photo qui vous amené vers le théâtre et le cinéma au début de ta carrière ?
Un jour que je faisais des photos de théâtre, j’ai voulu aller voir de l’autre côté. C’est comme ça que je suis devenu comédien puis acteur. En m’intéressant au métier de manière picturale.
Une fois votre carrière lancée, avez-vous continué la photographie en parallèle ?
La photo ne m’a jamais quitté. J’ai fait des photos intéressantes pendant certains tournages car je pouvais me mettre où je voulais et quand je voulais. J’avais des accès aux scènes que même les photographes de plateau n’ont guère. Ils en ont à la fin des prises, dans l’axe de la caméra, mais la tension est souvent retombée et les acteurs.ices fatigué(es) de se prêter au jeu à nouveau.
Vous avez aussi sans doute plus de complicité avec les acteurs…
Oui j’ai pu faire ainsi des photos assez belle de Simon Abkarian ou d’Eric Cantona que je connais bien.
Est-ce une activité régulière ?
Oui ,mais assez rare finalement car quand je tourne, je m’y consacre pleinement. Je ne planifie rien. On a essayé de me passer des commandes, mais ça n’a jamais vraiment marché. Je ne pourrais pas faire des photos de studio ou de mariage. Pour moi la photographie, c’est comme jouer, c’est l’instant présent.
D’où ce côté assez décousu de votre production d’images, sans réel fil conducteur?
Oui, j’aime bien à partir d’une chose existence pouvoir récréer un image. Comme ce portrait d’Antonin Artaud jouant Marat dans le « Napoléon » d’Abel Gance que j’ai fait lors d’une exposition.
Vous laissez toujours sa chance au hasard?
J’ai très peu de technique en photos. Diaphragme, vitesse, lumière, je maîtrise les bases mais ça s’arrête là. Il y a une question d’accident que j’aime bien, comme chez les Surréalistes que j’aime tant depuis es 16 ans.
Qu’est-ce que vous a apporté la photographie ?
Elle me permet de participer à une aventure artistique commune. Bizarrement le métier d’acteur est très solitaire. Avec la photographie et aujourd’hui les réseaux sociaux , ’ai l’impression que l’accès au public est beaucoup plus facile. J’ai parfois posté des photos de façon anonyme et j’aimais bien avoir son retour.
Pourtant avec cette exposition-là, il n’y a rien de virtuel
J’ai l’habitude de dire « le chien dans la niche, la carotte dans le terre et le cinéma dans une salle ». C’est un peu pareil pour la photographie. C’est l’aventure du réel, quelque chose qu’on a besoin d’avoir devant soi, comme une peinture.
C’est ce qui vous encouragé à monter des expos comme celle de « Tant d’arrêts » avec Charlotte Lenoz à la Voûte Virgo?
Oui j’aime l’idée que mes photos fassent voyager et que l’on puisse voyager avec (ndrl : il aimerait pouvoir montrer cette exposition à Paris, Bruxelles et Rio prochainement)
Propos recueillis par Eric Foucher / Photos Cyril Lecomte
> Exposition « Tants d’arrêts » du 2 décembre au 2 janvier 2022 à la Voûte Virgo