La poésie à fleur de peau, Alexandre Imbert dépeint par les mots, les couleurs et les sons les émotions qui le traversent. Nous avons rencontré cet artiste aussi discret qu’énigmatique à l’occasion de sa dernière exposition « l’espace aérien entre ton cœur et le mien est bleu".
« On dit souvent qu’il faut regarder devant pour avancer, mais moi c’est puiser dans mes souvenirs et les histoires qui m’aide à rester vivant » déclare Alexandre Imbert, artiste polymorphe dont la silhouette aussi pudique que magnétique nous fait autant penser à Jean-Louis Murat qu’à Kurt Kobain. Dont acte. Nous avons remonté le temps avec lui depuis ses premiers émois artistiques jusqu’à sa carrière de créatif dans différentes agences de com puis en indépendant, avec toujours en toile de fond l’art sous toutes ses formes. La sculpture, le théâtre qui lui fait ouvrir et tenir une salle pendant six ans rue d’Italie (“Le Métronome” avec Céline Guepratte). La musique (piano et guitare) omniprésente dans sa vie et à laquelle il a déjà consacré trois albums. Mais c’est avec les pinceaux et la poésie qu’il mélange plus volontiers actuellement la palette de ses sentiments. Il fait se croiser les bords de mer et les bords de Loire. Il peint le ciel, la mer, un fleuve, une rivière mais toujours avec une intention plus forte que le paysage. « Je raconte une histoire pour toucher le cœur et lui trouver une couleur…peut-être le bleu… »
Te souviens-tu de ton premier émoi face à une œuvre d’art ?
Mais tellement c’était une sculpture de Camille Claudel “ l’âge mûr ”. Je devais avoir 12/13 ans quand le film Camille Claudel de Bruno Nuytten est sorti au cinéma, une grande révélation émotionnelle et passionnée pour la sculpture s’est déclenchée alors en moi.
Quel a été ton cursus en art ?
Tout a commencé par le plaisir immense que j’avais à illustrer mes cahiers de poésie.
Puis sont venus des stages d’arts plastiques, des cours du soir à l’annexe des Beaux-arts du Roucas blanc. La sculpture est vite devenue ma grande passion en suivant les cours de Françoise Hamel. Puis ce fût l’école des Beaux-arts de Luminy, mais ce n’était pas pour moi. J’étais un peu perdu à ce moment-là… C’est grâce à mon prof d’arts plastiques, l’artiste Jean-Louis Garcin, que j’ai intégré une école en communication visuelle.
On a l’impression qu’il t’est difficile de te limiter une discipline en particulier ?
Artiste créatif dans le corps, le cœur et l’esprit, ma créativité s’exprime au travers de plusieurs disciplines, la sculpture, la musique, la poésie, la photographie, le dessin et la peinture. L’enjeu pour moi est toujours de faire passer un message à celui qui regarde, à celui qui écoute, ou de lui raconter une histoire .
Je dis souvent « L’art se doit aussi de nous aider à franchir des murs et pas uniquement les décorer ».
Que t’ont transmis des peintres comme le marseillais Jean-Jacques Surian ?
Jean Jacques, c’est un vrai peintre : la couleur, la peinture, la matière, raconter des histoires avec une grande liberté. Parler de sexe de voiture et de poésie.
D’autres influences notables d’artistes ?
Camille Claudel surtout… Sa force de créer pour elle-même, l’art comme un exutoire . Ma passion pour la sculpture est née de cette attirance pour l’expression corporelle. Le corps et la nudité du corps sont devenus alors mes principaux sujets d’expression, que ce soit dans mes textes, mes photographies ou mes dessins. Mais il y a eut aussi Niki de Saint Phalle qui donnait toujours un sens à sa créativité, Matisse et Picasso pour l’importance de la couleur et leur aptitude à se renouveler sans cesse.
Quels sont les sources d’inspirations principales de tes peintures ?
Je peins ce qu’il y a autour de moi et dans ma vie : les arbres en bord de mer m’attirent, un visage pour un portrait m’anime, des corps nus… L’écriture est aussi une grande source d’inspiration pour mes peintures, les paroles de mes chansons sont souvent les titres de mes tableaux.
Tu chantes et joue de la guitare. Penses-tu que ton oreille musicale apporte un lyrisme particulier à ta peinture ?
Oh mais oui ! Je pense que l’on ressent bien cette poésie, par l’harmonie des couleurs, les thèmes choisis et les titres.
Tu t’es décidé dernièrement à te lancer plus à fond dans la peinture. Quel a été le déclic ?
Plusieurs raisons. Cela faisait quelques années que je voulais arrêter mon métier de créa, principalement pour ne plus être devant un écran d’ordinateur. J’avais besoin que mes yeux ne voient plus de pixels mais des atomes.
Je sentais que je commençais à être rattrapé par ce que j’aime le plus depuis mon enfance : l’art, celui qui est libre et vrai, émotif et passionnant.
La peinture m’autorise un grand éventail d’expressions/actions qui me plaît énormément : embellir, sublimer, écrire, apprendre, transmettre, revendiquer.
Quels sont tes projets en art pour le futur ?
J’ai beaucoup d’envies, comme intégrer la sculpture dans ma prochaine expo, travailler sur des formats plus grands, créer une œuvre pour l’espace public, réécrire des chansons… Je travaille aussi sur un projet de vitraux pour la restauration d’une chapelle.
Propos recueillis par Eric Foucher
» L’espace aérien entre ton cœur et le mien est bleu » Exposition du 22 Nov. au 20 Déc chez Espaces Atypiques 22 Rue Lulli, 13001 Marseille. Lundi au vendredi de 10 à 12.00 et de 14 à 18.00