« Mon resto, c‘est ton resto ». C’est avec cette approche solidaire qu’a ouvert le République, jolie brasserie où une partie de votre addition permet de payer le couvert à des bénéficiaires qui n’en ont pas les moyens. Ils pourront comme vous se régaler d’une cuisine de marché créative midi et soir.
Dans l’un des plus anciens cafés de Marseille de la rue de République, que certains ont connu sous le nom de Café Parisien, est née une initiative qui fait honneur à la profession. Elle est portée par l’association la Petite Lili créée par le chef Sébastien Richard qui a su fédérer autour de lui pas mal de personnalités connues de la gastronomie locale. Le projet a reçu le soutien de chefs comme Alexandre Mazzia, Christophe Bacquié, Nadia Sammut, Glenn Viel, Armand Arnal, Christophe Chiavola, Emmanuel Perrodin, Georgiana Viou et bien d’autres, qui seront régulièrement invités pour apporter leur expertise et renouveler les menus.
S’inspirant du concept des cafés suspendus, né il y a une dizaine d’années, une partie de votre addition sert à financer les repas de personnes en situation de précarité qui n’ont plus les moyens de s’offrir, même de façon ponctuelle, une bonne table (ndlr: elles sont sélectionnées par des associations d’aide partenaires et ne paient qu’un euro symbolique pour leur repas). Pourtant point de misérabilisme ici, ni de cuisine au rabais. Tout le monde est nourri à la même enseigne, assis aux mêmes tables et traité avec la même déférence. Cette envie de mêler dans un restaurant toutes les classes sociales est un projet qui tenait à cœur du Chef Sébastien Richard.
Dans le décor d’une néo-brasserie se mêlent les codes bourgeois anciens (hauts plafonds et moulures ont été mis en valeur dans deux univers blanc et noir) et références populaires et plus contemporaines, comme cette desserte et ce bar façon containers de docks portuaires, dessinés par le designer Jérôme Dumetz.
Au final, c’est chic sans être guindé, ouvert sans être froid. Impulsé par Rudy Ricciotti, la rénovation a ensuite été dirigé par les deux architectes Jonathan Cacchia et Florentin Godeau qui attaquent la phase deux des travaux: les extensions. Le projet est en effet amené à grandir encore puisqu’une nouvelle cuisine est en cours d’aménagement ainsi qu’un espace de coworking pour des associations à l’étage. On attend avec hâte également la réouverture en sous-sol du mythique boulodrome, dans lequel les huiles de la ville avaient toutes leur casier au siècle dernier.
Des petites tables bistrots pour des têtes-a tête ou d’autres plus grandes pour des déjeuner en famille, amis ou collègues sous d’élégantes suspensions de fleurs séchées (composées par Ayana Floral Design) permettent d’accueillir une centaine de convives. La capacité sera encore augmentée aux beaux jours, grâce la terrasse installée sur la rue Méry et la place Sadi Carnot. Entièrement géré par des bénévoles, le projet a permis de créer une douzaine d’emplois en salle et dans la cuisine ouverte où une brigade s’affaire sous vos yeux.
A forte inspiration méditerranéenne mais aussi avec des clins d’œil à la gastronomie mondiale, les plats de la carte sont préparés avec des produits frais et majoritairement issus du terroir local.
Ce midi-là, nous avions opté pour une raviole de cèleri rave et extraction de carotte, excellente en entame de repas. Puis,un poulet kaarage (frit à la japonaise) et sa crème de maïs et parmesan, oignon confit, délicieux trempé dans le ketchup maison. En dessert, une poire rôtie, chantilly mascarpone au poivre et sablé breton un peu trop chiche en beurre. La mousse au chocolat, butternut confit et crumble de sarrasin tirait davantage son épingle du jeu. Au-delà d’un bon repas à un prix très raisonnable, manger au restaurant Le République permet donc de créer de l’emploi (beaucoup de postes en insertion) et resserrer les liens dans une société de plus en plus individualiste. On dit bravo !
Le Petit Plus : Avec ses grand espaces modulables, le lieu se prête à merveille aux événements (comme les « café-histoire » qui connaissent un grand succès) mais aussi les privatisations pour les entreprises.
Par Eric Foucher