Quoi ? : Artiste peintre
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Entre des peintures de la Renaissance italienne et celles d’un David Hockney, on ne sait trop comment nommer le syncrétisme pictural de Jules Mimouni. Mais au diable les étiquettes, contentons-nous de nos laisser happer par ces tableaux aussi magnétiques qu’énigmatiques.

Dans ce monde agité où tout va trop vite et nous incite au zapping, les tableaux de Jules Mimouni interpellent et captent le regard. Peintures à l’huile ou aux pastels, leur esthétique semble venir d’une autre époque, quand le baroque flambait encore dans les arts. Pourtant les thématiques abordés par ce jeune peintre originaire de Six-Fours reflètent bien leur époque. Elles sont juste abordées sous un prisme plus intime et méditatif qui pousse le spectateur à en chercher les codes. Le mystère, c’est bien ce qui vous attire votre regard de façon indéfinissable quand tout est lisse et doit être montré du doigt sur les réseaux sociaux. Nous avons rencontré le jeune artiste dont l’apparence n’est sans rappeler d’illustres peintres (certains le comparent à Dürer, d’autres à Van Gogh) dans son appartement transformé en atelier.

Pouvez-nous raconter votre première rencontre avec la peinture ?

Ça a eu lieu avec la rencontre d’une voisine d’immeuble à Nîmes, au sortir du lycée. Elle avait du matériel et m’a dit que je devais absolument essayer la peinture. J’ai commencé par un autoportrait, infâme, et c’était comme un premier plongeon dans l’océan.

Quel fût votre parcours par la suite ? 

J’ai très vite désiré apprendre. Je rêvais d’académie, de leçons, de comprendre l’alphabet, vous voyez ? Et Clac ! Les Beaux-arts, la « liberté », « le développement du discours ».

Je suis resté un an à l’ARBA de Bruxelles et j’en ai conclu que l’instruction se trouve ailleurs, loin de ce milieu qui m’est incompréhensible.

Alors j’ai fait mon laborieux petit chemin depuis, à tâtons, avec parfois de bonnes rencontres.

Comment gagne-t-on sa vie quand on est un jeune peintre en 2023 ?

Avec les finances de papa-maman ? Un héritage peut-être ? La main caressante de l’état ? Des commandes ? Non, sérieusement, je crois que pour les autres un braquage de banque est une bonne assurance vie. Mais il faut connaître un As du codage j’imagine, et ça, les peintres…

 

Quelles sont les techniques que vous préférez et les influences picturales qui ont défini votre style ? 

L’huile et le pastel. L’huile est une merveille, mais ça donne des colères monstres. Ça me révolte.

La science, technique, artisane de la peinture à l’huile est à l’abandon – quelques courageux s’essaient et peuvent transmettre leurs bricoles – , et on peut remercier le XXè siècle et ses élucubrations théoriques sur l’art pour avoir tout bien balayé.

Vous dites, l’huile, on vous répond : «mais je sais pas comment tu fais… » Ben moi non plus !  Alors je fais de plus en plus de pastels.

Quelle est votre routine quotidienne en tant que peintre ?

Je n’en ai plus en ce moment. Quand j’étais à Buropolis, j’avais une vraie routine car la peinture à l’huile exige de la rigueur et de l’assiduité. A présent que je travaille principalement sur le motif, au pastel sec, je me laisse nettement plus aller au gré d’élans spontanés.

Et puis il n’y a pas que la peinture dans le quotidien, heureusement.

Beaucoup de nouvelles galeries ont ouvert ces dernières années à et de nouveaux artistes sont venus s’installer ici comme vous ? Que vous inspire cette nouvelle scène et qui sont les artistes dont vous aimez particulièrement le travail ? 

Oui Marseille brasse du monde dans le milieu culturel. C’est encourageant de sentir que ce n’est finalement peut-être pas une fatalité de devoir demeurer à Paris pour continuer l’aventure, qu’il y a un terreau fertile ici, plus accessible pour les anonymes.  J’ai été très heureux de découvrir de nouveaux peintres comme Camille Bernard, Arsène Welkin, Anuk Rocha, Silvio Mildo et d’autres !

 

On retrouve beaucoup de décors marseillais dans vos peintures. Faites-vous les croquis préparatoires sur le motif ? 

Je tends de plus en plus à peindre intégralement sur le motif grâce aux pastels, mais quand ce n’est pas le cas, oui, ce sont seulement des croquis.

A la maison, je peins avec des modèles vivants.

Quels sont vos projets à venir ? 

Après l’expo que je viens de faire à la galerie Solarium, je pars deux semaines à la Folie Barbizon (ndlr : résidence d’artistes et chambres d’hôtes non loin de Fontainebleau) avant de préparer mes tableaux pour l’expo collective « Une maison à Saint Tropez » organisée par la curatrice Leslie Kabla dans la demeure de l’architecte d’intérieur Isabelle de Castanier dès le 6 juillet.

Quels sont les lieux où vous aimez traîner à Marseille ?

Pour vivre heureux, vivons cachés.

Propos recueillis par Eric Foucher / Photos E.F