Après avoir été aux fourneaux de nombreux restaurants marseillais, David Mijoba vient enfin d’ouvrir à Vauban sa propre table. Il y célèbre avec finesse et simplicité le terroir et la pêche locale.
Tout vient à point à qui sait attendre. Dans le cas de David Mijoba Labrador, l’attente fût un peu plus longue que prévue. C’est avec une joie non dissimulée que nous découvrons son premier restaurant.
Après avoir savouré avec délice ses plats au Café des Épices, au CAM, chez Jogging Épicerie ou encore dans le bar à cocktails Copper Bay dernièrement, nous allons enfin pouvoir découvrir son véritable univers.
Juste récompense pour ce jeune chef né au Vénézuela, dans la Cordillère des Andes en 1984. Après des études d’ingénieur mécanique, il décide de fuir la dictature de Chavez et de venir à Marseille apprendre la cuisine, à la Cadenelle puis au lycée hôtelier de Bonneveine. Il enchaîne les petits boulots dans la restauration (routier, pizzeria, restau gastronomique) avant de se faire remarquer par des chefs de renom.
Désormais seul à la manœuvre dans un restaurant nommé tout simplement « Mijoba », il peut nous guider entre terre et mer vers ses territoires de prédilection : une cuisine de produits du terroir en circuit-court et de la pêche locale.
Pas de menu régulier. Chaque semaine une nouvelle pièce avec les produits de la terre qui ont pris le temps de pousser, des produits de la pêche locale quand les bateaux ont pu prendre la mer. Et ne lui parlez pas de concept .
« Depuis quand manger est un concept ? Mon premier boulot est de nourrir les gens. Et j’essaie que ce moment soit le meilleur pour eux ».
Lui préfère parler de « cuisine libre », celle qu’il improvise avec son commis dans sa petite cuisine ouverte.
Ce midi-là l’inspiration était au rendez-vous avec un poulpe de roche de l’île de Maïre cuit à l’étuvé avec des épinards roulés dans une feuille de riz. Asperges sauvages, un dos de mulet noir grillé condiment acidulé avec des fleurs de courgettes à la ricotta de brebis et poivre sauvage côte d’ivoire. Et pour finir les premières fraises de plein champs de Sénas avec une glace à la vanille des Comores.
Justesse des cuissons, accords inédits, saveurs extraordinaires, la fausse simplicité des plats joliment dressés cache une grande maîtrise. Accompagnez ces délices d’un bon vin nature conseillé par Angélina la chef de salle et sommelière.
Tout comme le chef, le décor ne joue pas dans l’exubérance.
Béton ciré, table et comptoir en bois, chaises en rotin tressé et des murs un peu nus qu’on aimerait voir s’habiller. Une vingtaine de couverts à l’intérieur, une jolie terrasse sur le boulevard Vauban et aussi un petit patio à l’arrière duquel on aperçoit une cave à vins creusée dans la roche où le vin repose en paix et au frais.
Vous l’aurez compris, la petite équipe a gagné son pari : faire d’un simple repas un moment délicieux. Ni plus ni moins.
Par Eric Foucher (texte et photos)