Quoi ? : Scupltures et installations de l’artiste Paola Pivi
Quand ? : 7 avril - 6 août 2023
Combien ? : Exposition temporaire : 6 € (réduit 3 €) / Parcours permanent gratuit
Un lien ? : Cliquez-ici

Après son installation monumentale dans la Chapelle du Centre de la Vieille Charité en 2020, l’artiste italienne représentée par la galerie Perrotin Paola Pivi revient à Marseille pour la réouverture du [mac]. Elle y propose une exposition colorée, ludique et participative.

Avec It’s not my job, it’s your job (« Ce n’est pas mon travail, c’est votre travail ») les Musées de Marseille célèbrent la réouverture du [mac] par une invitation à l’artiste italienne Paola Pivi, bien connue du public marseillais depuis le projet 25,000 Covid Jokes (It’s not a joke), installation monumentale présentée dans la Chapelle du Centre de la Vieille Charité en 2020. La pratique artistique de Paola Pivi (née en Italie en 1971) est à la fois multiple et énigmatique.

Mêlant le familier à l’étrange, Pivi travaille avec des objets communément identifiables qu’elle détourne en y introduisant une nouvelle échelle, un nouveau matériau ou une nouvelle couleur, défiant le public à changer son point de vue. Véritables protagonistes de son oeuvre, les animaux sont dotés de manières humaines.

Adresse joyeuse et délicate aux visiteurs du musée, perceptible depuis l’extérieur, des roues de bicyclette couronnées de plumes sont installées dans le nouveau hall d’entrée du [mac], comme pour révéler tout le potentiel de cet espace rénové désormais dédié aux projets monumentaux.

Bigger than my eyes (2016), It was my choice (2017), I don’t have a name (2016), Very nice ride (2016), Red means stop, actually (2016) : les titres donnés à chacune d’entre elles apparaissent comme des réflexions qui semblent les personnifier, écho probable aux pensées intimes de Paola Pivi elle-même. Leur mouvement perpétuel, à l’image du flux quotidien de nos idées, déstabilise la perception des espaces du musée, à la fois familiers et profondément transformés au gré de leur rénovation.

Free Land Scape (2023), imaginée pour l’espace architectural du [mac], prolonge cette étonnante redécouverte.

Première œuvre visible dans les nouveaux espaces du musée, entre installation et sculpture, elle prend la forme d’un parcours en forme de passerelle suspendue réalisée en toile de « jean » que le visiteur est invité à parcourir individuellement. La vulnérabilité de la membrane porteuse, le défi qu’elle pose à l’équilibre, l’incertitude du déplacement, la désorientation, l’immersion dans le bleu du Denim sont autant de sensations surprenantes qui renvoient à ce qu’expérimente un enfant lorsqu’il pose pour la première fois le pied sur une barque. La disparition de la certitude de l’appui terrestre au profit de l’instabilité d’un canot évoque, comme une métaphore, l’expérience que chacun d’entre nous fait de la création artistique : véritable alerte sensorielle, elle dessine de nouveaux horizons et invite à revenir sur nos certitudes.

E (2001) évoque quant à elle l’élément aérien. Structure au format cylindrique et vertical, composée de plusieurs colonnes d’aiguilles suspendues à des filins, cette œuvre fonctionne sur le mode de l’interaction avec son espace d’exposition et les visiteurs qui l’observent.

Les aiguilles qui la composent répondent en effet aux présences qui les approchent en s’animant d’une vibration délicate et ambiguë, aussi agressive visuellement qu’inoffensive dans son mouvement. Suggérant un au-delà de l’espace tangible de l’œuvre en présence de laquelle nous évoluons, E paraît ainsi retracer le souffle des vents, leur direction et leur force, sur les cartes de météo marine. Son fonctionnement distille la sensation d’une présence mystérieuse et poétique dans le musée.

D’autres œuvres choisies par Paola Pivi pour Marseille évoquent tantôt l’air ou la mer, tantôt le règne animal, dans un très large spectre d’espèces alliant Mammifères, invertébrés ou oiseaux. Deux œuvres respectivement intitulées Take me home et Finally I got a home (2006) sont ainsi constituées de segments du tronc d’un arbre échoué sur la rive du lac Malawi en Afrique, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO pour la richesse exceptionnelle de sa faune aquatique. Sur ces deux troncs, l’artiste a fixé des coquillages glanés en Alaska, des luminaires bon marché rassemblés en Chine et des répliques miniatures des sièges de designers célèbres de la collection du Vitra museum of design en Suisse. Renouvelant la tradition du collage dans l’art dans une perspective « high and low » d’un monde globalisé voué à la dérive comme les troncs eux-mêmes, ces deux œuvres interrogent le lien entre création naturelle, production manufacturée et invention artistique.

D’autres coquillages sont constitutifs de deux œuvres intitulées Call me anything you want (2013). Accumulation de lignes de perles, ces tableaux déclinent un nuancier de couleurs allant de l’ivoire au noir dont les déclinaisons de teintes célèbrent les différentes couleurs de la peau.

* Cet article partenaire est sponsorisé par le service des Musées de Marseille.