Assis sur un tapis, plongez-vous dans les traditions musicales arabes, pour un voyage sonore et visuel. avec l'exposition l'Orient Sonore du MUCEM.
L’exposition « L’orient sonore » s’ouvre sous le regard bienveillant de Yusuf al-Manyalawi, l’un des premiers grands chanteurs égyptiens à avoir été enregistré. Cela donne le ton de cette exposition, qui nous propose un parcours sonore dans plusieurs histoires parallèles. Celle, évidemment, des musiques arabes traditionnelles, avec ses interprètes et ses différents styles, mais aussi celle de l’arrivée des premiers enregistrements, en 1903, et la manière dont ils ont influencé l’histoire de ces musiques. Le tout au regard de la grande Histoire, avec ses basculements politiques, ses guerres, les rapports de force entre Orient et Occident, le commerce de la musique orientale par des maisons de disques occidentales…
L’exposition se présente sous trois formes. Au cœur, un entretien vidéo au long cours entre le journaliste Philippe Azoury et Kamal Kassar, créateur de la fondation Amar, qui travaille à l’archivage et la recherche sur la musique arabe – et qui a fourni le contenu de l’exposition. Et deux parcours parallèles : l’un parmi 60 disques rares, où l’on peut écouter des musiques arabes datant de 1903 à 1970, mais aussi comprendre le contexte de ces enregistrements. Le deuxième parcours nous propose de nous immerger – littéralement – dans les traditions musicales orales, sous forme de 12 documents vidéos que l’on reçoit assis sur des tapis au pied des écrans.
Le vrai trésor de l’exposition, ce sont ces 12 documents vidéos filmés par la fondation Amar de 2016 à 2019, de l’Irak à l’Afrique du Nord en passant par le Golfe. Car ils captent et nous donnent accès à une musique, des chants, des danses et des rituels qui n’ont parfois jamais été enregistrés… Et qui, pour certains, ne pourront plus l’être, comme ce chant Al-Anîn où les quatre interprètes filmés sont en fait les quatre derniers interprètes qu’il subsiste.
C’est donc avant tout une exposition immersive, où l’on vient pour voyager, pour écouter, s’émouvoir, et comprendre par l’expérience la tradition orale arabe. Mais un niveau de réflexion supplémentaire est proposé : quel impact de la captation du son sur l’évolution des traditions orales ? L’enregistrement permet-il de sauvegarder un patrimoine, ou au contraire, par le fait de rendre possible sa reproduction sans présence humaine, contribue-t-il à sa disparition ? A l’ère des smartphones et des conférences en ligne, la question est posée…
Le petit plus : L’exposition est accompagnée d’une application qui permet d’écouter les musiques dans de bonnes conditions lors de l’exposition, mais aussi de les réécouter à la maison. Notre conseil : téléchargez l’application et pensez à amener vos écouteurs ou votre casque pour la visite !
Par Julie Desbiolles
(Photos couverture Amar et 1,2,3 Agnès Mellon (Mucem) / 4,5, et 6 Julie Desbiolles)