Nul besoin d'être plongeur pour explorer la grotte sous-marine de Cosquer : on peut désormais visiter une reconstitution à la Villa Cosquer Méditerranée. Une visite très pédagogique entre histoire, géologie et climatologie qui vaut le détour !
1985. Henri Cosquer, plongeur professionnel, passe tout son temps libre à arpenter les calanques sous-marines. Un jour, près du Cap Morgiou, à 37 mètres de profondeur, il découvre un boyau. En s’y engouffrant, il parcourt une centaine de mètres sous l’eau avant de déboucher sur une première salle.
« J’ai été fasciné par les fistuleuses [sorte de stalactite], les excentriques [structure minérale aux formes étranges] », nous raconte Henri Cosquer, 35 ans après sa découverte.
Il parle d’ailleurs à La Provence d’un « jardin minéral fabuleux »… Mais l’histoire ne s’arrête pas là : en 1991, il découvre par hasard une main dessinée sur un pan de mur de la grotte – et réalise dès lors sa valeur scientifique. Il la déclare aux autorités, qui se chargent de l’explorer, la mesurer, la dater. C’est à cette époque que les scientifiques estiment que les premiers dessins ont été tracés il y a 30 000 ans ; elle devient alors une source précieuse de connaissance sur la préhistoire à Marseille.
C’est une reproduction à l’identique de la grotte Cosquer que l’on peut désormais découvrir dans l’ex-Villa Méditerranée – rebaptisée Villa Cosquer Méditerranée.
Cet ambitieux projet débute en 2018 quand Renaud Muselier, président de Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur souhaite retrouver un usage populaire à la Villa Méditerranée. L’édifice avant-gardiste et son spectaculaire en porte-à-faux, fruit de l’imagination de l’architecte italien Stefano Boeri, n’a jamais trouvé son public depuis son ouverture en 2013. Il est devenu un gouffre financier pour la collectivité. La société Kléber Rossillon est alors choisie pour la conception, la construction de la restitution et l’exploitation de la grotte pour son expertise dans la gestion de lieux culturels et touristiques. Elle gère, entre autres sites, la Grotte Chauvet 2 en Ardèche, un projet assez similaire dans son approche dont elle tirera les enseignements pour celui de la Grotte Cosquer.
Dans un parcours en plusieurs étapes, nous sommes plongés dans les palmes d’Henri Cosquer dès l’entrée de la visite, avec une déambulation qui nous montre son matériel de plongée, son café préféré, et même son bateau. On embarque ensuite à bord de nacelles pour une visite commentée de la reproduction de la grotte. Le propos mêle habilement l’histoire de la découverte de la grotte à des informations géologiques, scientifiques, préhistoriques : qui a fait ses dessins, pourquoi, de quand datent-ils, que représentent-ils ?
À l’étage, une autre partie de la visite nous plonge il y a 30 000 ans, quand Cosquer était une grotte terrestre, que le Frioul n’était qu’une coline de Marseille, et que des pingouins vivaient dans le Cap Morgiou aux côtés des humains.
On y découvre les animaux peints dans la grotte reproduits en taille réelle, une réflexion sur montée des eaux due au changement climatique… Et même un documentaire sur la découverte de la grotte, à voir dans l’auditorium.
La visite de la grotte Cosquer vaut le détour pour petits et grands – tant pour l’esthétique que pour tout ce qu’on y apprend. Ajoutons à ça que la véritable grotte est vouée à être engloutie par les eaux : cette reproduction en est d’autant plus précieuse !
Le Petit Plus : L’audioguide disponible en six langues : français, allemand, anglais, néerlandais, espagnol et italien.
Par Julie Desbiolles