Quoi ? : Hôtel 5 ***** Restaurant 3***
Où ? : 17 rue des Braves (Anse de Maldormé) 13007 Marseille
Quand ? : Tous les jours midi et soir
Combien ? : Menu de 195 à 490 €
Transport ? : Bus 83 arrêt anse de la Fausse Monnaie
Des Questions ? : 04 91 59 25 92 / contact@passedat.fr
Un lien ? : Cliquez-ici

Comme la magnifique villa qui l’abrite et a donné familièrement son nom aux rochers plats devant sa terrasse, la cuisine du Petit Nice de Gérald Passedat a les pieds ancrés dans la Méditerranée. Prendre un repas à sa table étoilée avec un tel décor devant les yeux ne fait que sublimer l’expérience.

Depuis plus d’un siècle, l’histoire culinaire marseillaise est indissociablement liée à ce nom que l’on aperçoit en grosses lettres sur le mur d’enceinte de cette vénérable maison depuis la Corniche.

Dans cette auberge marine (ex. Villa Corinthe) trois générations se sont succédées. Germain le grand père et fondateur, Jean-Paul le fils récemment disparu, et Gérald le petit fils aux commandes actuellement et qui conserve jalousement trois étoiles au Michelin depuis 2008.

Dans l’univers de le haute gastronomie, Passedat s’est fait un nom avec sa cuisine résolument tournée vers la Méditerranée par un vrai travail sur les coquillages et les poissons, et la valorisation des produits rares et oubliés.

Pas moins d’une soixantaine de variétés de poissons est travaillée tout au long de l’année selon la saisonnalité et les cycles de reproductions de chaque espèce pour respecter et préserver les écosystèmes marins.

Les poissons et coquillages apportés par les pêcheurs locaux sont préparés de mille façons par le chef et sa brigade que l’on aperçoit derrière les vitres du labo quand on pénètre dans l’établissement.

Crus, cuits, marinés, séchés, maturés, grâce à de nombreuses techniques des plus ancestrales aux plus contemporaines, ils révèlent des goûts insoupçonnés.

Le chef met un point d’honneur à cuisiner des poissons méconnus, offrant une nouvelle vie à des espèces locales souvent délaissées comme le galinette, la vieille ou le chapon.

Deux approches sont particulièrement emblématiques de cette célèbre table. Une salinité naturelle des plats grâce au garum, une préparation antique remis au goût du jour par le chef et qui consiste à laisser macérer les viscères de poisson pendant un mois dans un four qui tournant en continu pour en extraire un précieux liquide permettant de saler naturellement.

La seconde particularité est le virage végétal de plus en plus marqué pris par la table étoilée. Dans le sens du régime crétois, le beurre et la crème y étant délaissés au profit de l’huile d’olive. Deux marqueurs que le chef résume ainsi :

« mon travail de cuisinier est à la fois une plongée et une promenade : il explore toute la richesse de cette mer unique au monde, et fait découvrir les produits de l’arrière-pays provençal, aride et pourtant si généreux. »

Parfois, il intègre les ressources de la terre les plus au plus proches –  comme les herbes aromatiques, quelques légumes et agrumes du potager du restaurant – pour accompagner ses créations marines.

Réputée pour sa finesse et sa légèreté, la cuisine met en avant le goût pur des ingrédients sans les alourdir avec des sauces complexes ou grasses. La cuisson est souvent minimale pour préserver les saveurs naturelles.

Gérald Passedat revisite des plats traditionnels comme la bouillabaisse, qu’il transforme en un menu en plusieurs services nommé “Bouillabaisse en trois actes”. Il joue avec les textures et les contrastes pour surprendre ses convives, tout en restant fidèle aux racines méditerranéennes.

Dans le menu signature que nous avons eu la chance de déguster, l’harmonie de couleurs et de textures rappellent les paysages méditerranéens.

Deux sardines nagent sur un céleri croquant, un thon maturé est arrosé d’un bouillon puissant,  un cèpe s’acoquine  de kokotxa et poutargue de Martigues. Puis débarque le poisson signature, un loup de palangre Lucie Passedat dans son jardin marin et une pêche de palangre mature au jus de braisage de la tante nia avec ses oignons des Cévennes. Le défilé des belles assiettes s’enchaîne sans que votre estomac ne soit lourd et ni vos papilles anesthésiées.

« Ma démarche est le fruit d’un long cheminement guidé par l’importance de la digestibilité des plats et les ressources modestes de mon territoire. »

Pour ceux qui ont les moyens de s’offrir en plus quelques nuitées sur place, la déconnexion sera total dans cet hôtel de grand luxe (5*****) ne proposant qu’une dizaine de chambres et suites mais toute avec une vue imprenable sur la rade de Marseille. Le grand bleu à tous les étages …

Le Petit Plus : le Bistrot 1917 à l’entrée de l’établissement offre une excellente approche de la cuisine de Gérald Passedat dans un budget moindre

Par Eric Foucher