Les grecs n’ont pas apporté que l’huile d’olives sur les rives du Lacydon mais aussi les techniques de vinification. Bien avant le bourgogne et le bordelais, Marseille Winery raconte l’histoire oubliée des vignobles marseillais avec leurs premiers flacons.
Des colons grecs ont fondé il y a plus de 2600 ans Massalia « la ville aux mille sources », en y apportant trois choses essentielles à notre art de vivre : la fabrication d’huile d’olives, la céramique tournée, mais surtout les techniques de vinification qui donneront naissance aux premiers vignobles français. C’est cette histoire oubliée que tente de faire revivre Lionel Fauquier à travers sa nouvelle marque. Pour l’heure, on est encore dans la symbolique puisqu’il s’agit de vins de négoce vinifiés chez des vignerons partenaires de la région ou par lui-même, après avoir sélectionné et acheté les raisins de cépages. Mais l’idée in fine est bien de produire des cuvées à partir de raisins cultivés sur le territoire de la ville de Marseille. Le petit fils de vigneron vise deux terrains sur lesquels on a retrouvé des vignes en friche (nb : preuve de la destination première de ces terres) et qui pourront être replanté en 2020. Le secret est encore bien gardé et on ignore si ces parcelles seront du côté de Sainte Marthe ou de la Treille.
Pour l’heure, deux cuvées ont accosté sur nos comptoirs. Le vin rosé « Gyptis » rend hommage à un amour de légende ainsi qu’à la fondation de la ville par les Phocéens et leur chef Protis. La légende raconte qu’ils furent invités par le Roi Nann à un banquet pendant lequel sa fille Gyptis devait choisir son époux. Elle n’eut d’yeux que pour Protis, à qui elle offrit de l’eau en signe de son choix. Les jeunes mariés reçurent un territoire et Protis y fonda Massalia. Une histoire dépeinte très joliment sur les étiquettes par le Baron Toto Pissaco, dans le style brut et naïf qui caractérise cet artiste iconoclaste. En bouche, ce Côtes de Provence se révèle souple et équilibré, offrant une note finale saline très agréable. « Goudes », un petit vin blanc de soif pour accompagner le poisson du déjeuner ou pour arroser les chaudes soirées d’été, est lui plus (trop ?) sage dans son flacon comme dans son étiquette. Très correct et bien placé en termes de prix néanmoins. Voilà pour les premiers chapitres de cette histoire passionnante en train de s’écrire sur les traces du passé. On en feuillettera les pages, on l’espère, jusqu’aux premières vendanges marseillaises.
(E.F)