Quoi ? : Photos, film, archives
Où ? : MuCEM, 1, Esplanade du J4, 13002 Marseille, France

"Paradis Naturistes" est un projet sociétal inédit. Durant plus de trois ans, les six commissaires d'exposition sont allés à la rencontre des communautés naturistes les plus emblématiques afin de réunir 600 œuvres et documents. Ils permettent de briser les clichés du genre et d'expliquer comment le naturisme a repensé le rapport au corps, a l’autre mais aussi à l’environnement.

Aujourd’hui, un nouvel engouement pour la nudité en pleine nature se développe, souvent associé à la quête d’une alimentation saine, végétarienne, ainsi qu’à des pratiques comme les thérapies naturelles, la méditation ou le yoga en plein air.

Ces modes de vie et le rejet des normes corporelles contemporaines permettent de mieux comprendre les enjeux du naturisme passé et présent.

C’est par un soleil que l’on pénètre cette exposition inédite sur le naturisme. La scénographie conçue par l’agence Trafik  réunit 600 photographies, films, revues, objets quotidiens, peintures, dessins, livres, estampes et sculptures réunis par 4 commissaires d’exposition :  Bernard Andrieu (philosophe, professeur au sein de l’Institut des sciences du sport et de la santé de Paris, université Paris Cité), Jean-Pierre Blanc  (directeur de la villa Noailles), Amélie Lavin (conservatrice en chef au Mucem, responsable du pôle Corps, apparences, sexualités), David Lorenté (ingénieur des systèmes et techniques audiovisuels et multimédia à l’université Paris 1) et en commissaires associés Julie Liger (directrice adjointe de la villa Noailles) Thomas Lequeu, associé à la direction artistique pour la villa Noailles.

La France est la principale destination touristique pour les naturistes grâce à son climat tempéré et ses trois mers, favorisant l’émergence de véritables communautés, contrairement à d’autres pays européens où le naturisme est plus libre et moins communautaire. Des raisons historiques, culturelles et juridiques expliquent cette particularité française. 4 communautés françaises principales ont été retenues ainsi qu’une communauté susse pour leur particularisme.

Cette exposition permet par l’étude de mieux comprendre les origines du mouvement.

« Les premiers naturistes, contrairement à ce qu’on imagine étaient médecins et avaient en commun un rejet de la vie urbaine et de l’industrialisation foudroyante subie par l’Europe pendant le 19e siècle. » précise Amélie Lavin

« Ce qui est intéressant avec l’histoire des naturismes en France, c’est qu’elle s’est construite entre les deux guerres, dans un pays où la nudité était marquée par la honte et la censure du corps nu, contrairement à l’Allemagne, par exemple » poursuit-elle

L’exposition passe en revue les principales communautés avec chacune leurs principes.  Le Sparta-Club (1928) crée dans l’eure par Marcel Kienné de Mongeot (1897-1977), professeur d’éducation physique et le médecin naturiste Marcel Viard qui a fondé la revue Vivre ;  Physiopolis (1929) société naturiste constituée par les docteurs Durville, Gaston (1887-1971) et André (1896-1979), et leurs adeptes dans les méandres de la Seine, tout près de Paris ; Héliopolis (1930) toujours par  les frères Durville qui font l’acquisition de l’île du Levant en Méditerranée.  Le Centre héliomarin de Montalivet, 1950 en Gironde par Christiane Esterman et Kienné de Mongeot. Et le plus récent et sans doute le plus célèbre, Le Cap d’Agde (1956), avec les frères Paul et Ren. Oltra qui commande en 1977 un bâtiment futuriste baptisé Héliopolis.

Cette exposition plus pédagogique que visuelle permet de répondre aux questions que le prophane peut se poser:   « vivre nu en communauté pour communier avec la nature est-il le secret du bonheur et de la santé ? Pourquoi et comment la France est-elle devenue un « paradis naturiste » ?  Naturisme et nudisme, est-ce la même chose ?