L'hiver est presque là, mais la Friche la Belle de Mai n'hiberne pas. Des horreurs de DC Narok aux histoires de migrations de Mon Ami n'est pas d'ici, les expositions de l'hiver nous offrent encore une fois de quoi s'étonner, s'informer, se révolter, s'évader. Zoom sur trois des cinq expositions.
Mon ami n’est pas d’ici – jusqu’au 13 février 2022
C’est quoi, migrer ? Dans cette exposition, huit photographes installés en Afrique subsaharienne répondent sans détour, pour le meilleur et surtout pour le pire. Photos franches et touchantes, parfois violentes, qui racontent les vies déchirées des migrants d’Afrique subsaharienne en Afrique du nord : racisme, esclavage, maltraitance, errances… L’exposition a le mérite de contextualiser chaque série, lui donnant ainsi une dimension aussi intime que géopolitique. Une claque et notre coup de cœur de cette saison.
Les huit photographes : Salih Basheer, Hana Gamal , Nada Harib, Lola Khalfa, Seif Kousmate, Sinawi Medine, Malik Nejmi, Abdo Shanan / Commissariat : Bruno Boudjelal / Dans le cadre de Les Rencontres à l’échelle / Plus d’infos
Bleu, Blanc, Rouge, quand l’art travaille l’école – jusqu’au 9 janvier 2022
Au rez-de chaussée, dans une petite annexe de la Salle des machines, l’exposition s’ouvre sur le regard rageur d’un jeune garçon. Lieux Fictifs a investi les lieux pour quelques mois, avec deux artistes qui posent la question de l’institution scolaire et du travail. D’abord Arnaud Théval, qui part du bleu de travail comme symbole du monde ouvrier que les élèves ont du mal à endosser – et de leur combat symbolique pour se sentir estimables, malgré l’uniforme détesté. Dans la même salle, le documentaire « L’école rêveries » de Florence Lloret suit pendant deux ans des jeunes marseillais en formation pour devenir agents de sécurité, qui confient avec lucidité leur parcours, leurs déceptions, leur avenir. Habit, travail, enfermement, formation : les deux expositions dressent un portrait de jeunes sur le chemin du travail, entre révolte et acceptation, espoir et fatalisme. Très touchant, précieux et instructif.
Artistes : Arnaud Théval, Florence Lloret, Alain Kerlan / Plus d’infos
DC Narok – jusqu’au 13 février 2022
Brrrr ! Que les âmes sensibles s’abstiennent : au son de cris déchirants, ce sont des créatures rampantes, effrayantes, mutilées, décharnées, qui vous accueillent dans cette exposition du Dernier Cri. 50 artistes internationaux y présentent en volume leur vision de l’enfer (« Narok » en thaï), sur le modèle des jardins de l’Enfer bouddhiste dont les thaïlandais raffolent – sortes de parcs de l’horreur où l’on se ballade au milieu d’atrocités grandeur nature… Le résultat, c’est une exposition franchement effrayante, à vivre – mais à éviter avec les enfants !
Le Petit Plus : Pour l’exposition « Mon ami n’est pas d’ici », une « visite flash » par une médiatrice est possible tous les samedi à 16h, et gratuitement – à condition que vous ayez acheté votre billet.
Par Julie Desbiolles