Quoi ? : Galerie d’art et résidence d'artistes
Où ? : 10 chemin du Génie 13007 Marseille
Quand ? : Mardi > Samedi de 14h00 à 18h30 (et sur Rdv)
Combien ? : Entrée libre
Des Questions ? : 04 91 42 81 33
Un lien ? : Cliquez-ici

Après de longs travaux, le Pavillon de la Reine Jeanne réouvre ses portes dans ses atours d’époque. Icône historique du port de Malmousque, il accueille dorénavant les peintures de la galerie Pentcheff et des résidences d’artiste. Prêt pour un bain de culture ?

C’est la proue d’un bateau qui partait en décrépitude dans le port de Malmousque, coincée entre deux petits clubs nautiques. Les Marseillais l’ont toujours connu là dressée fièrement comme une vigie au-dessus des bateaux, tout comme la Petite Ours de l’autre côté de Malmousque au-dessus de l’anse de Maldormé.

Construite entre 1888 et 1908, l’étrange bâtisse aura plusieurs vies et appellations selon ses propriétaires : Pavillon Saint-Louis, Pavillon de la Fileuse, elle prend finalement le nom de La Reine Jeanne quand Jean Piéri, fondateur de la marque de bijoux Piery, en fait l’acquisition en 1944.

Il décide d’y créer un restaurant proposant des produits de la mer pour une clientèle privilégiée qui s’y rend en bateau avec une décoration curieusement médiévale à l’intérieur (d’où le nom). Le plus anciens se souviennent encore de son vivier à langoustes, de sa grande terrasse aux parasols colorés.

C’est ce type de bâtiment, avec une belle histoire, que recherchait Alexis et Giulia Pentcheff pour déménager leur galerie installée depuis 15 ans au centre-ville de Marseille, rue paradis, et spécialisée dans la peinture de la fin du XIX et du début du XXème siècle.

« On cherchait une nouvelle adresse posée sur l’eau, qui représenterait au mieux les peintres qu’on avait à la galerie » (A.Pentcheff)

Le village de Malmousque avec ses cabanons typiques, ses bateaux accrochés à flanc de rochers collait le lieux à leurs aspirations. La famille Pieri accepte de leur vendre la villa contre la promesse de respecter la forme du bâti et le nom du lieu.

De lourds travaux structurels ont été nécessaires pour pouvoir accueillir à nouveau du public dans cette maison construite sur la roche et dont les fondations glissaient.

Des études préalables et des recherches d’archives avec les architectes des bâtiments de France ont permis à l’architecte Bertrand Guillon et ses collaborateurs de retrouver l’aspect initial de la villa qui avait été transformée au cours des années.

Lambrequins et fenêtres à carreaux ont été réinstallés à l’identique redonnant un cachet début XXè siècle au magnifique édifice.

« On a voulu retrouver ce mélange assez particulier d’une grande demeure avec un esprit guinguette »

Les galeristes ont profité des travaux pour créer des studios au niveau de l’eau qui serviront de résidence à des artistes inspirés d’aujourd’hui, témoignant d’une volonté de s’ouvrir aussi à l’art contemporain.

Le rez-de-chaussée est consacré à la galerie sur espace d’environ 200 m2, dont une grande partie est réservée aux accrochages avec en toile de fond le bleu du ciel et le turquoise de la mer.

On retrouvera ici de grands tableaux de la peinture française de la seconde moitié du XIXème et de la première moitié du XXème siècle : impressionnisme, post impressionnisme, fauvisme avec une grande partie des collections peintes sur les rivages méditerranéens, de Camoin à Manguin, de Bonnard à Signac. Cela va des maîtres de la peinture provençale aux plus grands artistes qui sont venus travailler dans le Sud.

 

Dans l’exposition inaugurale c’est bien évidemment la Méditerranée, celle que le Pavillon a maintenant à ses pieds, qui est le fil conducteur de l’accrochage.

« On souhaitait faire revenir des collectionneurs qui avaient déserté suite au covid. Même si on a commencé la digitalisation de la galerie depuis longtemps, rien ne remplace la rencontre avec une œuvre. Et en plus des tableaux, ils vont découvrir un lieu et un quartier atypique et authentique ». (Giulia Pentcheff)

Des pépites comme ces très rares tableaux historiques sur Marseille (un combat de joutes à l’Estaque au XVIIIè s. et une vue panoramique depuis en aile du Palais Longchamp) démarrent l’expo. Une magnifique toile du peintre Corse Léon Cannicioni, un des plus importants du XXème siècle fait de l’œil au petit port.

Il y a aussi ces peintres venus peindre le sud avec une palette de couleurs  qui n’existait pas ici. Ainsi cette lumière très étrange du Vieux-Port par Albert Marquet où la silhouette du Transbordeur que gommait les peintres locaux dans leur perspective existe bel et bien. Ce n’est pas ce bleu vif mais une autre vision du sud.

Dans une autre pièce, le port de Naples par Bernard Buffet fait lui face à un centaure de César, l’artiste marseillais le plus sous-estimé dans sa propre ville, en hommage à Picasso.

« Regarder vers le passé nous a rendus davantage sensibles à l’avenir. La galerie ouvrira désormais un œil sur la création contemporaine. Un temps lui sera ainsi consacré dans notre calendrier afin que cette maison ne soit pas un rocher isolé dans sa baie, une enclave en marge de son propre temps mais qu’elle puisse aussi résonner des voix actuelles. » précisent les propriétaires.

Ainsi dans les espaces qui accueilleront les futures résidences d’artistes, trouve-t-on les œuvres de François Aubrun et celles de Laurence Aëgerter, artiste marseillaise pluridisciplinaire (photographies, sculptures, livres d’art, vidéos, performances, installations et tapisseries) qui expose ici quatre tapisseries baptisées « Longo Maï » (« que ça dure » en provençal) avec deux dyptiques midi-minuit phosphorescents la nuit.

Le Petit Plus : Vous trouverez un corner livres d’art géré par le Puit aux livres, petite librairie de Malmousque. Un service d’encadrement et d’artisanat d’art (dorure, restauration de tableaux, de papiers, tapisserie en meubles) est aussi proposé dans un atelier annexe, rue Crinas Prolongée.

Eric Foucher