Quoi ? : Art et artisannat
Où ? : MuCEM, 1, Esplanade du J4, 13002 Marseille, France
Quand ? : 25 avril 2018 au lundi 10 septembre 2018
Combien ? : Tarif plein 9.5 € / Tarif réduit 5 € / Billet famille 14 € (valable pour 5 enfants max. et 2 adultes)
Transport ? : M1 Vieux-Port
Des Questions ? : 04 84 35 13 13
Un lien ? : Cliquez-ici

C’est à deux lettres à la symbolique très forte auxquelles s’attaque la nouvelle exposition du Mucem. Associé au pouvoir et à la richesse pour les uns, à la misère et l’asservissement pour les autres, l'or a recouvert toutes les couches de la société : de l’art à la religion, de la politique à l’économie.

Si la matière est universelle, reconnaissons que le thème est si vaste qu’il eut été facile de s’y perdre. Ecueil dans lequel ne tombe pas cette exposition qui offre une confrontation surprenante entre archéologie et art moderne. Les mythes (celui fondateur de Midas, roi de Phrigie auquel Dionysos offre le pouvoir de tout changer en or) croisent les interprétations les plus modernes comme les perceptions sensorielles proposées par l’artistes Jérémie Setton, les sculptures poétiques de Yochen Kreten, ou le sablier d’or d’Olivier Lounissi montrant le caractère fugace de l’accumulation.

Grâce aux prêts exceptionnels du Musée du Louvre et de ceux des collections des Musées d’Europe Orientale (principalement Géorgie, Roumanie, Bulgarie et Grèce), on découvre les premières utilisations des couches aurifères transportées par les rivières pour en faire des parements religieux, ornementaux ou guerriers depuis plus de 3000 ans.

L’or par sa plasticité étonnante devient rapidement le matériau privilégié des artisans comme des artistes, car se prêtant à toutes les métamorphoses. Mêlants objets archéologiques, films, documents et créations contemporaines d’artistes (avec des pièces d’Ossip Zadkine, Victor Brauner, Yves Klein, James Lee Byars, Louise Bourgeois, Jean-Michel Othoniel, Johan Creten, Liza Lou, Thomas Hirschhorn, Gilles Barbier, Franck Scurti, etc.) l’exposition dépasse la simple accumulation pour nous proposer des pistes d’interprétations festives, rituelles, économique ou philosophiques.

Le collier de Thomas Hirschoorn (CNN-Chan) associe l’or au nouveau pouvoir de l’information que veule contrôler tous les nouveaux despotes. Franck Scurti matérialise par des sculptures qui se serrent la ceinture l’étrange paradoxe de la privation pour posséder plus. Et enfin l’œuvre des artistes Gethan & Miles, fil conducteur de l’expo qui exposent dans chaque salle des accessoires en or acheté au Mont de Piété de Marseille et dont ils retracent l’histoire, parfois douloureuses, avec leur propriétaire. (E.F)

A lire le très bel édito dans la catalogue de l’expo par l’écrivain Sylvain Pattieu qui résume sans doute le mieux l’approche de cette expo et dont voici un extrait :

« Ici c’est Marseille et on ne roule pas sur l’or.

Alors ça peut paraître bizarre d’en faire une expo

Pourtant elles ont circulé les richesses

A fond de cale, sur le port, dans les usines

Il y a l’or des riches et il y a l’or modeste

L’étoile victorieuse sur le maillot à jamais les premiers

La statue en haut de Notre-Dame

Et puis les colliers et les chaines.

(…)

Les Phocéens n’ont pas fondé la ville pour son or

mais pour le bleu et le bla,c, pour la mer et la roche

Ici c’est Marseille pas d’alchimistes

Le plomb reste le plomb mais quand même , on brille.  »