De l’Antiquité aux cultures urbaines d’aujourd’hui, cette plongée dans l’univers du tatouage révèle une histoire complexe, souvent marginalisée, désormais érigée en patrimoine artistique, social et politique. Marseille, ville-monde et ville-tatouée, devient pour l’occasion l’épicentre de cette célébration à la Vieille Charité.
Le tatouage traverse les âges, les territoires et les sociétés.
C’est une pratique millénaire, un langage universel qui est le sujet de cette exposition. Elle est portée par les Musées de Marseille et son directeur Nicolas Misery et dévoile près de 275 œuvres, objets et documents issus de grandes institutions comme le Louvre, le musée du quai Branly – Jacques Chirac, ou encore le Rijksmuseum.
Elle retrace les usages du tatouage autour de la Méditerranée : marque identitaire, geste rituel, signe d’amour ou de résistance. D’Égypte à Chypre, de la Grèce antique à la Rome impériale, le tatouage se révèle à la fois prophylactique, religieux, ornemental ou punitif.
Art du corps, art du peuple, art de la mémoire.
Longtemps associé aux marges – marins, prisonniers, prostituées, circassiens – le tatouage a subi l’exclusion avant d’être reconnu. L’exposition explore ce glissement culturel, des marques infamantes de l’Antiquité à leur revalorisation dans les pratiques spirituelles et populaires du christianisme, en passant par les traditions amazighes ou les rituels africains et asiatiques.
Une autre histoire de la Méditerranée s’écrit à même la peau.
Aux côtés de pièces archéologiques, L’expo Tatouage accorde une place importante à la création contemporaine. Artistes d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient ou de Marseille réinterprètent le tatouage comme signe de réappropriation, de résistance et d’affirmation de soi. Samta Benyahia, Denis Martinez, Shirin Neshat, Nil Yalter ou El Meya y font dialoguer art, mémoire et politique, tandis qu’Alireza Shojaian explore les masculinités queer à travers le tatouage comme acte performatif.
Ville portuaire et rebelle, Marseille est au cœur du récit. De Monick, pionnière du tatouage marseillais, aux portraits puissants de Gaëlle Matata ou Anne Van der Stegen, l’exposition révèle un imaginaire local fort, populaire et subversif.
Ici, le tatouage n’est pas seulement une mode : c’est une identité.
Le tatouage y devient un symbole de fierté, d’appartenance aux quartiers, aux luttes, à la ville. Des projets participatifs viennent même enrichir le parcours, avec des témoignages de Marseillais tatoués.
Avec cette exposition, le tatouage sort de la marginalité et entre dans l’histoire.
Le Petit Plus : Performances, projections, concerts, ateliers henné, visites commentées, photobooth : l’exposition dépasse le cadre classique pour devenir un lieu d’échange et de transmission. Le rituel inaugural Anebdou par Denis Martinez ou les « Apéros tatoués » participent de cette volonté de créer du lien, au-delà des murs du musée.
Par Eric Foucher / Texte et Photos
[…] Cate Blanchett ont flirté avec l’univers du tatouage. Notamment dans les collections où la broderie et la transparence jouent avec l’illusion et la révélation. C’est aussi dans l’événement du Tattoo Art […]