Nous avions donné rendez-vous au musicien, compositeur et producteur Mathias Modica (aka Munk) à la Caravelle, bar mythique de Marseille.

Nous avons donné rendez-vous au musicien, compositeur et producteur Mathias Modica (aka Munk) à la Caravelle, bar mythique de Marseille. Quel meilleur endroit pour parler du succès de son label Goma, de son installation à Marseille et de son goût pour revisiter les clichés, qu’ils soient musicaux ou visuels.  En cette fin de mois de mai, Marseille battait des records de chaleur avec plus de 32°C ! Pas de quoi effrayer pourtant notre citoyen du monde qui a accepté avec le sourire l’idée de le filmer dans tous les transports touristiques de Marseille : Ferry Boate, Petit Train et bus à l’impériale. Et devinez quoi ! Lui comme nous ne les avions jamais empruntés et nous sommes régalés.

Musique, mode et arts,  le label Gomma n’est-il pas le symbole d’une nouvelle Pop culture ?

Avoir des activités créatives dans différents univers n’est pas vraiment nouveau. En France par exemple, les dadaïstes faisaient beaucoup de choses dans des univers très variés au début du 20è siècle. Ils étaient à la fois peintres, organisateurs d’expos, journalistes, musiciens, etc. Dans les années 70 et au début des années 80, c’était l’idée du « Do it yourself » (DIY).  De la Factory de Wharol à toute la scène punk, l’idée était : « Si tu as une idée,  tu peux la réaliser au travers de différents medium et langages.  Moi et mes amis de Gomma sommes principalement musiciens mais nous sommes aussi très intéressés par l’art, la pop culture, le journalisme, etc. Donc quand nous ne composons pas, nous aimons dessiner des t-shirts, faire des expos, écrire. Nous le faisons parce que cela nous éclate. Si cela plaît aux autres c’est cool ! Sinon, on s’en fout un peu.

As-tu été surpris par le succès qu’a connu le label dans les média ?

J’ai beaucoup de respect pour les bons journalistes car ils rendent le monde meilleur en découvrant de nouvelles choses et en le faisant savoir aux autres. Nous savions que nous proposions des choses un peu nouvelles et cool mais nous avons été impressionnées par l’accueil qui nous a été faits.  Ne prend pas cela pour de l’arrogance mais nous  pas que je sois arrogant mais nous pressentions que cela allait plaire.

Dans tes vidéos, tu joues beaucoup avec les clichés : la comédie romantique Hollywoodiene (Keep my secret), le milieu mafieux marseillais (Rue de Rome), le Dj passionné qui délaisse sa petite copine (Violent Love). Est-ce une façon de dire que la vie est devenue un peu une blague de nos jours ?

Ce qui m’intéresse, c’est de mélanger des choses qui n’ont apparemment rien à voir entre elles. Je suis aussi attiré par les choses qui sont « démodées » ou auxquelles les gens ne songent plus.  Pour ce qui est de Marseille, c’est vrai que c’est difficile de comprendre pour quelqu’un qui vit ici,  mais de l’extérieur plus personne n’a idée de ce qu’est devenue Marseille. La Nouvelle Vague, la French Connection et les polars cela fait plus de 30 ans !  Depuis on ne parle plus de Marseille en Allemagne ou en Italie où j’ai grandi. La jeunesse a les yeux tournés vers Barcelone, Istanbul, Copenhague. Mais je ne suis quant à moi pas très attiré par ces villes hype. Je voulais quelque chose de nouveau et Marseille est un univers complètement différent de ce que j’ai connu. Et quand je pense à Marseille je pense à la drogue, à la corruption et au sexe, comme dans les 70’s. Donc je trouvais normal de rendre hommage à cette époque de façon décalée car elle a laissé beaucoup de traces.

Qu’as-tu trouvé dans la scène musicale marseillaise que tu n’as pas trouvé ailleurs ?

Des gens qui ne sont pas intéressés par les sons à la mode mais cultivent leur propre style. Nasser, Fred Berthet et le crew de la Dame noir cultivent leur propre style. Une autre chose que j’ai réalisé, c’est que beaucoup de gens pensent que Paris est stylée et élégante et que Marseille est prolo et un peu plouc. C’est peut-être vrai sur certains aspects mais pour ce qui est de la musique, c’est un peu le contraire. A Paris, la scène musicale se focalise sur le gros son pour les types défoncés ou plein de testostérone. C’est de l’electronoise ou de la techno telle que la joue Institube, Kitsune ou Ed Banger. A Marseille, tout le monde joue une électro sexy, élégante et profonde qui fait danser les filles. Des Dj’s comme Relatif Yann, Edouard (Passe-temps), ou Phred font le son de Marseille, et ce son là est beaucoup plus élégant et sexy que le son bourrin de Paris. Drôle, non ?

Tu invites régulièrement des gens sur tes albums et tu collabores à de très nombreux projets d’autres artistes. On est loin de l’idée du compositeur solitaire et dépressif ….

J’aime être avec des gens et partager des idées. J’aime surtout travailler avec des femmes. Elles sont plus drôles !

Effectivement huit femmes poussent la chansonnette sur ton dernier album (The bird and the Beat).  Ne serais-tu pas un séducteur professionnel par hasard ?

Oh non, non je suis juste un brave type qui aime les belles choses en musique, cuisine et dans le genre humain.

Dans tes chansons, on trouve des paroles en français, anglais, espagnol, italien. Est-ce une forme de mondialisation musicale?

Pendant très longtemps l’anglais était LA langue de la pop musique. Donc tout le monde essayait de singer cette langue et cette musique. Mais aujourd’hui à l’heure d’internet où les frontières ont été abolies, ça n’a plus de sens. Tout le monde travaille avec tout le monde. L’idée de devenir une icône londonienne, c’est du passé. Aujourd’hui le frais vient du fait d’utiliser des matières premières de partout et de les combiner. Le mélange des langues en est le plus beau symbole.

Après avoir travaillé avec des pointures comme James Murphy (LCD) ou Asia Argento avec qui aimerais-tu travailler dans le futur ?

Avec Sarkozy ! Il aura plein de temps après les prochaine élections. Et puis c’est beaucoup plus inattendu de travailler avec lui en tant que chanteur. Avec Carla, son ennuyeuse femme, cela serait trop facile et cheap.
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