A l’occasion de la seconde édition du Marseille Stand Up Festival nous nous sommes entretenus avec sa tête d’affiche, Mathieu Madénian, pour nous prendre avant l'heure une bonne dose d’humour.
Mathieu Madenian, c’est ce type bardé de diplômes (bac Mention TB, DEA puis DESS) qui a pourtant choisi ensuite l’activité la moins simple au monde : faire rire. Entre stand up et comédie sur petit écran ou au cinéma, il n’a de cesse de brocarder notre société mais aussi de donner un coup de pouce à de jeunes talents. Avant son passage à l’Odéon pour le Stand Up Marseille Festival et son Festival d’humour les pieds dans l’eau à Collioure fin juillet, nous avons discuté avec lui lors de l’un des ses trajets en voiture. Mathieu Madenian en kit mains libres, c’est à lire ci-dessous…
Quelles sont les figures comiques qui vous ont donné l’envie de faire ce métier ?
Je ne vais pas être très original car mes parents écoutaient comme beaucoup Coluche et Desproges. Tout petit, j’essayais de comprendre pourquoi ces deux personnages les faisaient rire alors j’essayais d’imiter le premier.
Le déclic a été de voir Albert Dupontel faire Rambo dans une émission de Patrick Sébastien qui s’appelait « Carnaval » C’est là que je me suis dis « c’est ça que je veux faire plus tard ! »
Vous faites partie des pionniers du stand-up en France. Les nouvelles générations vous considèrent-elles comme un grand frère ?
C’est vrai que lors des enregistrements d’émissions qu’on faisait avec France Télévision par le passé ou lors de la tournée des Comedy Club que l’on fait partout en France actuellement, ils posaient des questions.
Mais dans ce métier il faut tout de même rester humble. J’ai coutume de dire qu’a chaque fois que tu remontes sur scène tu remets ta ceinture en jeu.
Ce n’est pas prarce qu’ils sont plus jeunes qu’ils sont moins bons. La seule chose que j’aime leur dire c’est : « n’oublier pas que l’lorsqu’on monte sur scène on appelle cela « jouer ». Alors il faut que cela reste un jeu. Il faut le faire pour des bonnes raisons et par pour des followers. Après ils se débrouillent 😉
Les réseaux sociaux leur ont permis d’accéder très vite à la notoriété. Mais l’humour à l’écran est-il facilement transposable aux scènes que vous avez dû écumer pour vous faire connaître ?
Y’a rien de pire que l’humour à la télé et sur les réseaux sociaux parce que par définition le stand-up est un spectacle qui se nourrit de l’intéraction avec le public.
Il faut le vivre en live ! Chez toi tu peux être happé par autre chose, faire des pauses. Tu perds toute la magie du spectacle qu’il est d’être vivant.
La télé et les réseaux sociaux c’est bien pour donner envie. Après ils faut que les gens achètent des billets et viennent nous voir. C’est aussi notre façon de gagner notre vie.
En plus, les gens sont très vite offensés sur les réseaux sociaux.
Les Comedy Clubs restent les rares endroits où la parole est libérée car les gens savent qui ils vont voir. On a un rapport direct à eux car ils ne sont pas cachés derrière un avatar.
Pensez-vous que le stand up a libéré l’humour ou bien l’a formaté ?
Si tu veux copier ce qu’on fait les anglo-saxons qui ont inventé et démocratisé ce type de spectacle, tu vas te planter car on n’a pas du tout la même façon de faire.
Quand je vais voir un spectacle, je vais à la rencontre d’un personnage. La façon dont il dit les choses est aussi importante que le fond. Il peut me faire rire même si je ne suis pas d’accord avec lui.
Et après il faut dédramatiser et ne pas accorder à l’humour plus d’importance qu’il n’en a.
Vous vous engagez régulièrement. Est-ce que la politique fait toujours rire comme à l’époque de Desproges, Coluche ou Le Luron ?
Le problème c’est que les politiques deviennent plus marrants que nous. Ça devient compliqué de les dépasser !
Regarde un type comme Eric Ciotti enfermé dans son bureau, Marion Maréchal qui revient voir sa tante après l’avoir trahie, François Hollande qui fait son comeback surprise. Et puis la politique va tellement vite qu’il est difficile de suivre. Maintenant, si c’est fait avec intelligence, oui c’est toujours possible quand même.
Votre humour est une fine analyse du quotidien. La paternité en a-t-elle changé votre regard sur les choses ?
Bien sûr elle a tout changé ! J’étais quelqu’un de caractériel avec un gros ego (peut-être est-ce toujours le cas 😉
Quand une blague ne passait pas ou un rôle ne tombait pas, j’étais complètement déprimé. Là, je m’en fous complètement.
Là où je me sens un peu plus concerné, c’est en regardant le monde dans lequel mon gamin va évoluer. Je viens d’une génération où il y avait des millions de gens dans la rue quand le FN faisait 18% de vote, car c’était la honte. Maintenant, c’est accepté. Il va lui falloir que je lui explique que ce n’est pas normal.
Vous êtes la tête d’affiche du Marseille Stand Up Festival. Que pensez-vous de la scène marseillaise (ses salles, ses artistes) ?
On a enregistré deux émissions à Marseille avec Kader Aoun à l’Art-dû et au Garage Comédie Club et une autre à côté d’Aix en Provence avec un collectif de comédiens qui s’appelle Affaires de Comédie. On a rencontré une trentaine de comédiens différents. J’ai trouvé le niveau très haut. Il y a du monde qui tape à la porte et ça nous oblige à toujours plus travailler. Les jeunes te rappellent à l’ordre !
Y-a-il un humour sudiste ?
Non, si tu es marrant, tu l’es du nord au sud. Ce sont éventuellement les thématiques qui peuvent changer par rapport à la région où l’on se produit.
Propos recueillis par Eric Foucher
LA PROGRAMMATION 2024 DU MARSEILLE STAND UP FESTIVAL
PIERRE THEVENOUX EST MARRANT… NORMALEMENT
Après être passé par le Jamel Comedy Club et s’être rodé sur les scènes parisiennes, Pierre vous propose un spectacle de stand-up grinçant et efficace. Il vous parlera tout aussi bien de lui, du monde, de Dieu, des pigeons et de plein d’autres trucs qui ont l’air chiants mais qui sont bien en vrai.
SAMEDI 22 JUIN À 20H00 / THÉÂTRE DE L’ODÉON
LES TALENTS DE L’APRÈS-M avec MALIK FARES
Depuis la saison dernière, le Théâtre du Gymnase-Bernardines a créé un partenariat avec l’Après-M, ancien McDonald’s racheté par la Ville de Marseille et installé dans les quartiers nord. Cette aventure commune permet de mener des actions tout au long de l’année, notamment des ateliers hebdomadaires de stand-up menés par le comédien Redwane Rajel et le stand upper Malik Fares. Ces cours, gratuits et accessibles à tous permettent à de jeunes talents en herbe de se familiariser à l’écriture (à partir de leur vécu), aux bases du jeu : respiration, voix, mise en corps. A l’issue de ces ateliers Les talents de l’Après-M présenteront leurs sketchs au public pour la première fois sur une scène de théâtre. Malik Fares les accompagnera sur scène en tant que maître de cérémonie, et présentera tour à tour ces jeunes humoristes.
JEUDI 27 JUIN À 20H00 / THÉÂTRE DES BERNARDINES
100% MARSEILLAIS AVEC LE GARAGE COMEDY CLUB
Huit artistes issus de la scène marseillaise du Garage Comedy Club, scène de stand-up située dans le 6ème arrondissement de Marseille se produiront sur la scène de l’Odéon à travers des sketches décapants sur notre ville et notre culture !
Avec Sandra Miso, Alisson Commelesautres, Gabrielle Giraud, Quentin Friburger, Julien Vinh, Rayane Zerouni, Dudley Gossec, Audrey Baldassare, Malik Fares // en MC, Fabien Gaudioso.
VENDREDI 28 JUIN À 20H00 / THÉÂTRE DE L’ODÉON
GABRIELLE GIRAUD, AU NATUREL
Gabrielle Giraud est une artiste Marseillaise aux talents multiples. Elle se met en scène au travers de personnages mythiques dont elle a le secret. Elle puise son inspiration dans l’environnement qui l’a vue naître : la Méditerranée. Elle vous embarquera dans son univers solaire, drôle et généreux. Une chose est sûre vous ne risquez pas de vous endormir sur votre fauteuil.
JEUDI 27 JUIN À 20H00 / THÉÂTRE DES BERNARDINES
MATHIEU MADÉNIAN
Mathieu Madénian, débarque avec un nouveau spectacle dans lequel il dézingue l’actualité à travers les yeux d’un homme déconstruit, du moins, autant que possible depuis qu’il a accueilli un bébé dans sa vie. Entre les couches à changer et les crises existentielles de la parentalité, Mathieu navigue avec un humour incisif à travers les méandres d’un monde en plein chaos.
SAMEDI 29 JUIN À 20H00 / THÉÂTRE DE L’ODÉON