Depuis le 12 janvier 2024, Pone, beatmaker de la fameuse Fonky Family atteint de la maladie de Charcot s’adresse aux marseillais par un signal envoyé depuis le Fort Saint Jean. Ce regard lumineux imaginé par le duo d’artistes Brognon Rollin transforme la tour du Fanal en phare plein d’espoir et de poésie.
Guilhem Gallart (Pone) s’est fait connaître sur la scène musicale hexagonale comme beatmaker et producteur du célèbre groupe Marseillais la Fonky Family. Atteint de la maladie de Charcot depuis 2015, il est appareillé d’une technique de calibrage oculaire numérique. Avec ses yeux, il peut naviguer sur internet et communiquer avec ses proches, alors que la maladie le paralyse et le prive de sa voix.
Prisonnier de son corps, son esprit lui semble n’avoir jamais été aussi libre. Il a ainsi écrit un livre, enregistré des albums et produit des artistes tout en élevant ses filles. C’est cette capacité de résilience énorme qui a fasciné le duo d’artistes David Brognon et Stéphanie Rollin.
« Avec lui, on sent que l’esprit prend le pas sur le corps. Son esprit le transcende et lui permet de se dépasser (…) Il n’a pas quitté son lit depuis des années. Mais il a décidé de prendre les armes et de continuer à créer. »
En conversation avec lui, le duo artistique franco-belge a capté et archivé le mouvement de ses pupilles. L’ancien phare de la Tour du Fanal – vigie de 30 mètres de haut construit à la demande des armateurs marseillais en 1644 pour repérer des navires de commerce jusqu’à 20 km de la baie de Marseille – reprend vie.
Il reproduit fidèlement des extraits de leur conversation visuelle à la nuit tombée ou au petit matin jusqu’au mois de juillet, à la nuit tombée ou au petit matin.
« Nous travaillons beaucoup sur la question de l’enfermement (…) Il était donc assez naturel de nous intéresser à la maladie de Charcot, maladie incurable qui vous paralyse progressivement et entièrement le corps. Vous avez votre pleine conscience, mais vous êtes « enfermé », comme prisonnier de votre corps.
Le Phare est une œuvre inclusive produite par le Mucem avec le programme soutien à la création artistique Mondes nouveaux et entend soutenir la création contemporaine, mais aussi les patients atteints de maladies chroniques et leurs proches, tout en rendant hommage aux pionniers de la culture hip-hop si chère à Marseille.
À travers « Le Phare » Pone, qui vit maintenant en famille à Toulouse, revient à Marseille, la ville qui l’a fait connaître en 1997 quand il a créé sa famille de cœur avec DJ Djel, Le Rat Luciano, Sat l’Artificier, Menzo ou Don Choa.
Par Eric Foucher