Mix en Bouche est de retour "à la maison" après quelques escapades lointaines avec une édition spéciale "cuisine de rue". Pour une fois, vous pourrez manger avec les doigts sans vous faire gronder.
Même si la fierté gastronomique hexagonale, agrippée à sa table nappée, a longtemps dénigré la cuisine de rue, cette dernière, ancestrale partout ailleurs, a conquis les frenchies. Le hamburger s’embourgeoise, la fritkot devient hype et le ramen, popu-chic. Démocratisation de la culture nomade ou dernier snobisme culinaire ? Peu importe : Mix en Bouche, qui propose depuis quatre ans une« dancing food » de qualité, se réjouit de ce mouvement. Place aux cuisines ambulantes dans la rue des grandes Tables et à un clubbing de précurseurs avec la première garde française de Dj et producteurs de musiques électroniques.
STREET FOOD
En octobre 2010, à sa première prestation sur Mix en Bouche, Georgiana se rêvait aux commandes dʼun lieu bohème, un peu chic, sans chichi, pour partager sa cuisine béninoise, italienne et provençale. Chose faite, elle quitte un instant son atelier-resto marseillais et transporte ses marmites métissées.
Bientôt trois ans que Guillaume Orcel balaie à Marseille les préjugés dʼun bio insipide et dʼun végétarien tristounet. Partisan dʼune cuisine sur le pouce à la fois responsable et savoureuse, il est capable de convertir le plus convaincu des carnivores.
Depuis que Nokane et Sandi laissent leurs penchants asiatiques sʼexprimer, un bol de riz nʼa jamais été aussi sexy. Sera-t-il rouge ou noir, basmati ou thaï ? Fusionnera-t-il avec un poulet ou une gambas ? Quel légume se mettra au lit avec eux ? On salive déjà.
Personne ne reprochera à Michel Zerabi dʼavoir récemment « Manhattanisé » la rue du Théâtre Français. Il suffit de mordre un jour dans son Hot Cheesy Dog, lʼEmpire State Burger ou un Chicken Farmer Bagel pour saisir la nuance entre fast food et fast good.
Même dans un cadre ultra urbain, on peut militer pour le paysan et la cuisine du marché. Cette vision a été récompensée par MP2013 qui invitera les Carrioles des grandes Tables à tailler la route. Normal, pour une brigade aguerrie à de la grande street food.
ELECTRONIC PIONNEERS
Les plus anciens -et parisiens- dʼentre nous se souviennent de Gilbert Cohen avec Loïk Dury, piliers fondateurs du Novamix des 90ʼs. Les plus jeunes le découvrent avec Aladdin, projet co-piloté avec Nicolas Kerr (Poni Hoax). Entre les deux, il y a eu Château Flight avec I :Cube, le lancement du label Versatile, les signatures de Joakim, dʼEtienne Jaumet… Mais quel que soit lʼécouteur par lequel on choppe GilbʼR, lʼoreille embrasse tous les pans de la musique électronique, des fondements du groove jusquʼaux recoins obscurs et corridors frissonnants. Old-school forever young !
Là aussi, les aînés vont la ramener en évoquant Sweet Sofa, échoppe mythique et disparue où lʼon venait se fournir en disques de bonne house. Heureusement pour les vingtenaires, Paul nʼa jamais abdiqué et continué à instiller ce son qui lui est propre, hybride et lancinant, tant sur les dance-floors quʼà travers les sorties du label Virgo (Danton Eeprom, Tim Paris, Sarah Goldfarb…). On sʼincline religieusement.
Logiquement, on pourrait penser quʼun DJ résident se met en pilotage automatique. Cʼest juste lʼextrême inverse qui se passe au fil des Mix en Bouche avec Marc Lapeyre, co-programmateur et producteur sous lʼalias de FKclub dont on recommande le dernier opus, « The Strange Art », clippé par Dowtown Productions.
Parés pour la montée ?
(Source : Mix en Bouche)