Quand les gens du voyage accueille une gadji, cela donne un autre regard sur les gens du voyage. Vanessa Nessren a troqué un temps ses outils d'orfèvre pour un boitier et s'est mis au temps des gitans sans a priori ni misérabilisme.
Comme chaque œuvre, Nomad commence par une incursion, dans un monde caché qui sait provoquer la fascination. Pour Vanessa Nessren, c’est l’aire d’accueil des gens du voyage de Saint-Menet, visitée à l’occasion de l’édition 2015 du festival des cultures tsiganes Latcho Divano. L’artiste y expérimente le côtoiement entre deux mondes qui habituellement ne se touchent pas, le choix de vie nomade le rendant souvent invisible de l’espace public et du champ artistique. Il est entendu que la photographe offrira aux familles les clichés sur lesquels elles figurent, dans un protocole d’échange clair et apaisant. Il s’agit aussi de relever la confrontation d’êtres à leur propre image, les Gens du voyage (Roms, Manouches et Gitans) étant habituellement très réticents à s’exposer ainsi aux yeux des “Gadjos“.
Nomad livre une série de clichés remarquables par les contrastes qu’ils offrent, dans la lignée de précédents travaux de la photographe comme My Little Players (vu à VV) et des photos de son premier mentor Robert Billsky Bilbil (récemment disparu et dont l’exposition a inauguré VV il y a tout juste un an). Un “photo reportage” parfois un peu onirique, portraits en noir et blanc, paysages du quotidien et dans le milieu des cultures tsiganes (le cirque est un de ses sujets de prédilection), portés par une grande intuition qui permet à la photographe d’apprivoiser en douceur tous ses sujets.
Hervé Lucien