Exposition sur la disparition, entre Histoire et oubli, The Thrill Is Gone sonne comme un constat, entre splendeur et déchéance, contemplation et impuissance.
Pour sa première exposition personnelle dans une institution française intitulée The Thrill Is Gone, Théo MERCIER (né à Paris en 1984, vit et travaille à Paris et à Mexico) présente conjointement de nouvelles séries de sculptures et de photographies, dans lesquelles il mêle vestiges archéologiques et contemporains, teintés d’esthétique postmoderniste et New Age. Ce faisant, il créé un parcours entre archéologie, actualité et récits d’anticipation, duquel se dégage un sentiment d’urgence face à la précarité, à l’obsolescence des objets, des civilisations, de la beauté.
Entre ascension et faillite des objets et des civilisations, Théo MERCIER imagine sur 1’000 m2 un musée pendant la guerre, une salle des butins, le résultat d’une saisie de douanes. Chacun des objets présentés contient sa fin, sa chute, son oubli, ainsi qu’une vibration politique. Ce sentiment est d’autant plus prégnant que l’artiste fait émerger, dans ce projet, une perméabilité entre conservation et actualité, entre l’intérieur du musée (le passé) et le monde extérieur (le présent, le futur). Ce qui se trouve à l’intérieur de l’exposition fait en effet écho à ce qui se trouve à l’extérieur. Ce dialogue silencieux sera acté lors du vernissage par deux comédiens qui prendront la parole devant les oeuvres, empruntant tour à tour les voix du visiteur, du guide-conférencier, de l’envoyé spécial, du philosophe ou encore de l’anthropologue.
Au fil de sa déambulation, le spectateur se trouvera face à des pneus Goodyear sur socle, médaillons contenant des vestiges archéologiques et autres fossiles préhistoriques, qui constituent un calendrier singulier, une roue du temps, des origines du monde à l’ère contemporaine. Plus loin, il découvrira un totem accidenté puis un tas de masques africains brisés au cours de la traversée de la Méditerranée, avant de faire face à un bataillon de masques de baseball, visages vides, prêts à charger. Il traversera également une collection de pierres d’aquarium, trait d’union entre abysses et cosmos fantasmés, et tâchera de se frayer un chemin parmi de lourdes jarres en céramique dressées en apesanteur, dont l’équilibre semble parfaitement instable, comme autant de monuments à la chute, de souvenirs des temples de Palmyre ou du musée de Mossoul. Leur équilibre impossible fait poindre un lien entre leur précarité et celle du visiteur, qui pourra également contempler une skyline de tours de CD, cité-symbole d’une civilisation d’objets obsolètes.
(Source : Marseille expos)