“Babel” : en hébreu, cela veut dire “Confusion”. Babel, la diversité des langues, est-ce une malédiction ou une chance ? Réponse : une chance, à condition de traduire.
La traduction est l’un des grands enjeux culturels et sociétaux d’un monde globalisé. Traduire, c’est préférer à une communication rapide et basique dans une langue dominante plus ou moins artificielle (aujourd’hui le « global english » ou globish) un travail coûteux et parfois déconcertant sur la différence des langues, des cultures, des visions du monde, pour les comparer et les mettre en harmonie.
La traduction est d’abord un fait d’histoire : les routes de la traduction, via le grec, le latin, l’arabe, sont celles de la transmission du savoir et du pouvoir. «La langue de l’Europe, c’est la traduction», a dit Umberto Eco. Les civilisations d’Europe et de Méditerranée se sont construites sur cette pratique paradoxale : dire « presque » la même chose, et inventer en passant, à la confluence des savoirs et des langues.
C’est aussi un enjeu contemporain. La diversité des langues apparaît souvent comme un obstacle à l’émergence d’une société unie et d’un espace politique commun, mais l’exposition Après Babel, traduire inverse cette proposition et montre comment la traduction, savoir-faire avec les différences, est un excellent modèle pour la citoyenneté d’aujourd’hui.
Partant d’une abstraction – le passage d’une langue à une autre -, l’exposition donne à voir, à penser et à voyager dans cet entre-deux. Du mythe de Babel à la pierre de Rosette, d’Aristote à Tintin et de la parole de Dieu aux langues des signes, elle présente près de deux cents œuvres, objets, manuscrits, documents installations, qui manifestent de façon spectaculaire ou quotidienne les jeux et les enjeux de la traduction.
(Source : Mucem)