L’exposition Les années Hip retrace les débuts de Bernard Plossu, photographe provençal emblématique, captivé par la culture hippie et son idéal d’harmonie avec la nature. Alors jeune artiste dans la vingtaine, il explore les lieux emblématiques de ce mouvement : la côte ouest des États-Unis et l’Inde, révélant ainsi sa fascination pour un monde alternatif.
Jeune photographe fasciné par la culture hippie et ses idéaux de paix et de retour à la nature, Bernard Plossu se rend en Californie dès 1966. Il capture la vibrante contre-culture de San Francisco, notamment dans le quartier de Haight-Ashbury, ainsi que les paysages sauvages de Big Sur, lieu de rassemblement des premiers écologistes et pacifistes. Il côtoie des figures emblématiques comme Allen Ginsberg et Joan Baez.
« Dans les brumes du Nord, Haight Ashbury à Frisco à ses débuts ! des milliers de jeunes venant de partout pour des concerts et de la bonne herbe… Mais on est aussi en plein dans la guerre au Vietnam, et les jeunes ne veulent pas aller tuer des gens pour rien dans des pays lointains aux ordres de guerriers pour qui leurs vies ne comptent pas. »
En 1970, Plossu voyage en Inde, poursuivant sa quête spirituelle. Ses photographies témoignent à la fois de son idéalisme et de sa désillusion face à la commercialisation du mouvement hippie. Utilisant un objectif de 50 mm, il privilégie une approche fidèle à la vision humaine, tout en gardant une certaine distance avec ses sujets.
« Je rejoins en Inde à Goa des amis partis de Californie, à la recherche de sagesse. Certes, il y avait de la naïveté, qui d’ailleurs a été reprochée, mais c’était aussi une lutte pour d’autres valeurs »
Alors que beaucoup de photographes privilégient la couleur et le grand format, Bernard Plossu opte pour le noir et blanc et des formats modestes, refusant toute approche commerciale. Il reste un observateur distant, capturant des moments intimes sans intrusion, en évitant le grand-angle et le téléobjectif.
Son style poétique et délicat explore une troisième voie, où l’image interroge le sens du monde plutôt que de le commenter. Ses photos, marquées par une simplicité sans artifice, rappellent l’idéal hippie d’une vie en harmonie avec la nature, un mouvement précurseur de l’écologie moderne. Plossu, voyageur infatigable, vit aujourd’hui à La Ciotat après avoir exploré de nombreux pays.
« Un bon demi-siècle s’est écoulé, mais je reste convaincu que ce qu’a fait ainsi toute une génération, a contribué grandement à un changement radical. Aucun d’entre nous n’aurait même pas imaginé avoir un jour un téléphone portable ! pour quoi faire ? »
Par Eric Foucher