Quoi ? : Exposition Costumes populaires et pièces de Haute couture
Où ? : MuCEM, 1, Esplanade du J4, 13002 Marseille, France
Quand ? : Du mercredi 12 juillet 2023 au lundi 6 novembre 2023 (Tous les jours sauf le mardi)
Combien ? : 11 € / Gratuit pour les – 18 ans
Des Questions ? : 04 84 35 13 13
Un lien ? : Cliquez-ici

Une coiffe tyrolienne et un chapeau Chanel, une blouse roumaine et un ensemble Saint Laurent une veste Gaultier et un plastron breton... Avec son exposition Fashion Folklore, le Mucem fait dialoguer ses collections de costumes populaires avec les plus belles créations de nos grands couturiers. Fascinant !

Les collections textiles du Mucem ont rarement quitté le fonds de conservation. Marie-Charlotte Calafat et Aurélie Samuel, les commissaires ont durant trois ans travaillé à cette exposition pour les mettre en valeur auprès du public avec un nouvel éclairage.

« Cette exposition propose un dialogue autour de la création textile, en mettant en regard les costumes populaires et la haute couture, afin de rendre visibles les croisements, les inspirations, la circulation de modèles et d’idées, entre ces deux univers » (Marie-Charlotte Calafat).

Cette exposition peut ainsi se lire comme une histoire croisée entre ces deux domaines de la mode :  l’une utilitaire (le vêtement traditionnel ou de folklore), l’autre artistique (la haute couture). Le dénominateur commun ?  Les savoir-faire et le patrimoine technique ancestral que la haute couture contribue à sauvegarder. « Aujourd’hui, on assiste aussi à une véritable collaboration entre ces deux domaines. Des créateurs s’associent à des brodeurs ou à des centres de tissage locaux pour créer des œuvres en commun. » (Aurélie Samuel)

L’exposition se décompose en trois grandes sections. La première (Appartenance et identité) met en perspective le costume traditionnel et régional et la façon dont il a été réinterprété par trois icônes de la mode (Paul Poiret, Jeanne Lanvin et Coco Chanel) au début du XXème siècle, quand les Ballets russes débarquent à Paris et révolutionnent l’idée du costume.

On affirmait alors son identité dans les tenues par des motifs, des couleurs et des techniques artisanales nationales, de la Russie à l’Espagne en passant par les Balkans.

Des croquis de Jeanne Lanvin s’inspirant des textiles russes à la capeline provençale popularisée par Simon Porte Jaquemus, c’est un siècle  de traditions populaires qui est passé en revue sur des silhouettes magnifiques,  à commencer par celle de Franck Sorbier qui ouvre le bal de l’expo : une robe en raphia, chanvre et macramé baptisée « Larantuka », du nom du bateau d’exploration en Océanie au début du siècle dernier.

La seconde, toute aussi intéressante, s’intéresse aux Codes et langages, là où le vêtement est considéré comme un signe de statut social et d’affirmation de genre. Les rites de passage comme l’événement des Catherinettes devenue désuet dans la société mais toujours d’actualité dans les Maisons de couture illustrent le propos tout comme celui du mariage.

Le réemploi qui était souvent une nécessité économique par le passé (rapiécer et raccommoder le vêtement pour le faire durer) est devenu un enjeu éthique (fait-il produire toujours plus ?) et écologique (upcylcing pour réutiliser les matières).

Enfin, on assiste aussi dans le détournement du costume à un renversement des genres lorsque la mode féminine s’empare du vestiaire masculin à l’instar du smoking, au revers de soie fait pour laisser glisser les cendres du fumeur.

« Gabrielle Chanel a donné la liberté aux femmes, Yves Saint-Laurent le pouvoir » disait Pierre Bergé.

La derrière partie de l’exposition s’attache à la transmission et au délicat sujet de l’appropriation. Quand parle-t-on d’inspiration, et quand parle-t-on de plagiat ?

Des comités d’artisanes ont déjà commencé la lutte de par le monde contre des mastodontes de la fast fashion qui s’approprient sans vergogne leurs motifs, techniques de tissage sans jamais faire mention de l’histoire et la culture qui existe derrière ceux-ci depuis les lustres. Ceci en Amérique centrale ou dans les Balkans pour ce qui est de la blouse roumaine redevenue très populaire. On y découvre aussi le passage d’une mode très locale à un vêtement mondialisé où les références s’affranchissent des frontières.

Le Petit Plus : lors de la semaine d’ouverture  du 11 au 16 juillet à a lieu la Fashion Folklore Week avec du Ciné plein air, des ateliers pour enfants, des performances et même un grand bal de Voguing (programme complet ICI )

Par Eric Foucher