Après Hyères et les designers, Toulon s’entiche depuis 5 ans des architectes d’intérieurs. Dans divers lieux de la ville comme ici à l’Ancien Évêché où sont exposés les lauréats du festival, on repense l’habitat de façon contemporaine et créative.
Dans la droite ligne du Festival du Design de Hyères à la Villa Noailles qui fête ses 15 ans, son pendant pour l’architecture intérieure basé lui dans divers lieux de Toulon (Ancien Evêché / Hôtel des arts / Ancien Evêché / Monique Boutique / Galerie de l’école / Ecole Camondo Méditerranée) a aussi pour but de mettre en valeur le travail de dix lauréats sélectionnés pour l’occasion.
C’est pour ceux-ci, principalement des duos, une formidable opportunité de se faire connaître des professionnels (studios, marques, médias) et pour les vainqueurs dans les différentes catégories, la garantie de voir leur travail exposé et/ou produit dans le futur.
Édition après édition, le festival prend de l’ampleur et transforme l’Ancien Évêché en un lieu de création global où chaque recoin est transformé ou sert d’écrin à une création.
Cette année on pouvait ainsi voir en rez-de-chaussée vibrant hommage d’Agnès Varda à son amie la céramiste Valentine Schlegel décédée au mois de mai dernier, baptisé « La belle vie du sud » à travers des tirages noir et blanc.
Dans les escaliers des éléments de scénographies (suspensions, rideaux, sculptures) de Maximilien Pellet et Zoé Piter. La présentation de l’atelier Turco Staff fondé en 1880 à Toulon et spécialisé dans la création d’ornements en plâtre.
A l’étage l’exposition « le culte de l’art » du Studio KO (Karl Fournier et Olivier Marty), présidents du jury et invités d’honneur sur deux salles qui mêlent vernaculaire et futurisme tandis que l’exposition « L’Heure Bleue » de Hugo Drubay , Prix du Mobilier National en 2019 (ndlr : pas d’édition l’an passé) et ses allures théâtrales joue la magie et le mysticisme.
L’exposition « Biceps en bord de mer pour bijoux d’architecture» de Céline Thibault et Géraud Pellottiero (Grand Prix Design Parade Van Cleef & Arpel 2019) rend elle hommage au culte du corps cultivé par Charles et Marie-Laure de Noailles dans leur Villa avec leurs invités.
Cette année plus que les autres encore, les 10 lauréats ont véritablement investi chaque pièce qui leur était confiée pour la transformer en un univers intime reflétant leur vision du thème proposé cette année: « une pièce à vivre dans une maison au bord de la Méditerranée ». Pièce de prière, atelier, pool bar autant de propositions inspirées qui ont tenu compte de l’approche contextuelle sans se priver d’une certaine poésie. Les références à la littérature, la mythologie, la religions ou l’histoire sont nombreuses sans être lourdes.
« A Benidor » d’Edga Jayet et Victor Fleury qui obtient le Grand Prix Design Parade Toulon Van Cleef & Arpels est une pièce minimaliste et pauvre, en écho à la rudesse du climat méditerranéen et nord-africain, « une pièce de sieste, avec cet imaginaire du sud en partant des écrits de Camus – notamment Les Noces et le Premier Homme » (dont les ouvrages sont glissés dans le décor).
« Mirage » de Marc-Antoine Biehler et Amaury Graveleine (Prix Visual Merchandising décerné par Chanel et Prix du public de la ville de Toulon) est une terrasse intérieure organisée autour d’un parasol géant qui rend hommage à cette pièce, transition entre maison et jardin.
Enfin « Folle envie « Clémence Plumelet et Geoffrey Pascal (Prix Mobilier National) est une interprétation du pool bar (bar de piscine) avec ses meubles tapissés d’éponge et inspirés des matelas et bouées gonflables qui fait immanquablement penser aux clichés du photographe Slim Aarons sur la Riviera.
Les autres projets non-primés sont tout aussi intéressants et méritent votre regard (voir les images ci-jointes).
Le Petit Plus : Ne pas rater également l’exposition Futurissimo sur la design italien organisée par le Centre Pompidou à l’Hôtel des Arts mais aussi Monique Boutique ou encore l’exposition à la toute nouvelle école de Design Camondo.
Par Eric Foucher (Texte et Photos)
En Couverture « MIRAGE » de Marc-Antoine Biehler & Amaury Graveleine