Quoi ? : Sculpture et installations
Où ? : Friche de L'Escalette, Impasse de l'Escalette, 13008 Marseille, France
Quand ? : Du 1er Juillet au 31 Août + WE septembre et Octobre
Combien ? : Entrée gratuite sur inscription (via le site)
Un lien ? : Cliquez-ici

Elle nous avait fait crapahuter sur les hauteurs de son site l’an passé pour son parcours de sculptures. La Friche de l’Escalette nous fait découvrir cette année ses artistes invités (Bariol, Traquandi et Vescovi) dans de nouvelles galeries à ciel ouvert, exhumées des vestiges industriels.

Lentement mais sûrement la Friche de l’Escalette agrandit ses espaces d’expositions et son corpus d’œuvres permanentes,  complété chaque années par des œuvres permanentes. Les visiteurs qui ne l’ont pas encore vue seront donc sans doute impressionnés par l’installation totémique de François Stahly qui fait face à la mer et baptisée « L’été de la forêt ». Nous nous étions fait écho l’an passé ICI.

Les autres découvriront de nouvelles pièces de l’artiste dans le premier bungalow Prouvé sur la gauche du site. L’une en bois sculpté,  noircie naturellement avec le temps, l’autre en acier miroir d’un tout autre style. Les tôles pliées de Pierre Tual s’accrochent elles toujours aussi aux murs de pierre des corps de bâtiments de l’ancienne usine de plomb.

Mais c’est sur la droite du hameau industriel que sont concentrées cette année les nouveautés. Il aura fallu évacuer des tonnes des terres et des déchets divers des corps de bâtiment pour les transformer en galeries à ciel ouvert et accueillir trois artistes de diverses générations. Cet éclairage naturel à toute son importance, car c’est lui qui donne du relief, des reflets et même du mouvement aux œuvres qui y sont présentées.

Gérard Traquandi tout d’abord, le local de l’étape et infatigable chasseur de beauté, fait l’éloge des matériaux avec « Terres baroques ». Si on connaît ses talents de peintre (ndlr: on peut voir ses peintures actuellement au Musée Cantini) on connaît moins ses talents de sculpteur et de céramiste qu’il peaufine depuis une quinzaine d’années grâce à des passages réguliers dans l’illustre Poterie Ravel d’Aubagne.  L’artiste/artisan aime malaxer, triturer la terre, jouer avec l’aspect malléable de la glaise et donner à la matière brute un mouvement spontané. La forme sera ensuite cuite et émaillée pour donner ses sculptures étranges et poétiques qui attrapent si bien la lumière, posées sur des coffres de bois telles des jarres ou s’accrochant aux murs  tels des oiseaux.

« En faisant l’éloge des matériaux, j’aimerai que ma sculpture soit aussi belle que le nature  » (G.T.)

La jeune céramiste Héloïse Bariol en marge de ses productions de céramiques utilitaires (pots et vases peints), développe des projets artistiques qui combinent sculpture, architecture et paysage. Sa majestueuse claustra de terres cuites à l’étonnante palette de couleurs (de l’orangé au pain grillé) a été réalisée grâce à une technique de cuisson dans un four traditionnel japonais. Tout en reflets en transparences cette immense virgule scénographiant l’espace s’accorde parfaitement avec l’atmosphère énigmatique des ruines, dont subsistent quelques murs de briques et poutres métalliques.

Adrien Vescovi  épate par ses draps de lin et de chanvres rudes,  témoins d’une autre époque (les fameux trousseaux). Ils reprennent vie baignés de pigments naturels, et sens en devenant ornements, exposés aux éléments (vent, soleil, embruns, lune). Le projet « Soleil Blanc » est prévu pour se développer en plusieurs volets et lieux. Après la Friche Belle de mai l’an passé lors de Manifesta 13 et Saint Nazaire cette année, cette réalisation est la troisième manifestation d’un cycle.  Amené à se poursuivre, elle constitue jusqu’à là à notre sens la meilleure cimaise à son gigantesque et poétique assemblage de coupons textiles.

Le Petit Plus : Dans la second bungalow Prouvé, originellement un hébergement d’instituteur de brousse au Cameroun, des modules sont réinstallés pour le transformer en habitation avec des éléments de design mêlant mobilier iconique et pièces contemporaines. D’où le titre « Jean Prouvé invite Yonel Lebovici » pour cette transformation en cabanon de pêcheur.

Par Eric Foucher / Photos E.F et Friche de l’Escalette