Vous n’avez pu y échapper cet été : des créatures en mosaïque accrochées partout dans Marseille sur les murs des immeubles, ponts, ballustres,… Toutes évadées de nuit du MAMO dont le street artist Invaders s’est servi comme base arrière pour préparer sa gigantesque invasion.
Au milieu de l’été, on a commencé à les découvrir sur quelques spots de Marseille au bord de l’eau. Mais les Space Invaders, ces petits extra-terrestres de céramique inspirés d’un jeu d’arcade des Eighties commençaient à devenir rapidement beaucoup trop nombreux pour n’être qu’une simple escapade créative. Les aficionados de l’artiste anonyme qui affluaient déjà de France et de l’étranger en étaient eux déjà certains : une gigantesque invasion de Marseille avait commencé et ils se tenaient prêts à partir en chasse – une appli permettant aux fans de marquer des points en les débusquant puis en les scannant – avant qu’un plan ne viennent cartographier comme à l’accoutumé tous les points de l’invasion.
Les semaines qui suivirent leur donnèrent raison, qui vit la ville recouverte de plus de 80 déclinaisons (nb : chaque Space invaders est inspiré par le lieu sur lequel il est posé) venant rejoindre une dizaine d’anciennes installations, puisque le fringant artiste masqué s’était déjà attaqué à la ville, de façon plus modeste il est vrai, par le passé.
Les créations quitteront discrètement le MAMO que l’artiste a transformé en QG avec Ora Ita son propriétaire. Chaque nuit l’artiste et son assistant habillés de leur tenue de chantier écumeront la ville jusqu’au petit matin pour poser leurs créations au sujet en rapport avec les endroits emblématiques ou secrets de la ville. Des Space Invaders bien sûr mais pas seulement puisque l’artiste fera montre une fois de plus de son humour et de sa créativité autour des codes de la culture populaire : gabians, poulpes, masques et tubas, l’OM, Fernandel et même pour ne froisser aucune marseillais à la fois une bouteille de Pastis 51 et de Ricard 🙂 Beaucoup plus de richesses dans les palettes chromatiques aussi comme cette Bonne Mère en différentes nuances de carreaux dorés que l’on peut apercevoir sur les pentes de Notre Dame de la Garde. On est un peut moins fans des carreaux XXL de certaines installations placardées ici et là devrait-on ajouter si on veut être honnête.
Comme Banksy, l’artiste qui a posé sa première mosaïque en 1996 (il y a en a plus de 3600 dorénavant dans le monde jusque dans la station spatiale internationale) a souhaité et réussi conservé l’anonymat ce qui est une gageure dans notre époque de déballage et d’impudeur médiatique. A l’ère de la haute définition, son art du pixel renvoie au Lo-fi. Souvent imité jamais égalé dans sa dimension ludique.
Jusqu’au 11 novembre prochain, il est possible de voir depuis l’extérieur, sur la terrasse de la Cité Radieuse, l’atelier et tout le matériel (carte, dessins, outils, masques …) dont s’est servi l’artiste pour son invasion
Le Petit Plus : L’expo au Mamo s’achève en novembre mais les œuvres, si elles ne sont pas vandalisées, seront visibles bien plus longtemps dans tout Marseille.
Par Eric Foucher