La danse, la mode, la musique ce sont tous les arts qui sont convoqués dans les abstactions lyriques de Caroline Denervaud qui présente son premier Solo Show à la Double V Gallery de Marseille
On avait découvert le travail de l’artiste Caroline Denervaud représentée par la Double V Gallery lors de l’exposition « Shapes, Body and Soul » l’an passé. Elle revient avec toujours en commissaire Emmanuelle Oddo (Pièce à part) dans ce même lieu pour une exposition éponyme, personnelle cette fois.
Pas de thème mais en fil conducteur le passage du jour à la nuit et de la nuit au jour, matérialisé par une palette de couleur tantôt chaude, tantôt froide. Elle souhaiterait amener les spectateurs à contempler ses peintures comme dans un état de rêve éveillé où l’intellect n’a pas pris le contrôle et où l’on se laisse envahir par la matière que l’on regarde.
« Ne pas essayer de comprendre les choses » résume-t-elle.
Ces tableaux sont autant d’abstractions pures, et « tant mieux si le spectateur y figure quelque chose » sourit-elle. Aucune forme préétablie, ni de dessin préparatoire, tout juste parfois des lignes de construction pour la « rassurer » (sic) dans l’exercice. C’est la couleur qui définit les formes et vient tout bousculer.
Pour ce faire, l’artiste utilise une technique de peinture médiévale qui a servie à la réalisation de nombreuses icônes, mais est tombée en désuétude. La caséine est un liant à base de lait qui permet de diluer les pigments et de créer des teintes avec un aspect velouté et mat.
Une peinture au lait sur un papier épais plutôt que de la toile, si bien que les surfaces irrégulières et le relief du support donnent le sentiment que les œuvres flottent dans leur cadre.
Une approche naturelle et non synthétique qui a son importance tout comme une palette de couleurs qui lui est propre. Les jeux de contrastes et l’épaisseur font que l’on dépasse les simples aplats de couleurs auxquels les photos ci-jointes ne rendent pas justice. Contempler de visu les œuvres à la galerie est donc important pour apprécier la dimension picturales de ces œuvres.
De ses humanités (la danse et la chorégraphie, les beaux-arts puis le stylisme de mode) Caroline Denervaud a gardé ce goût des défis et du changement de supports. Elle a notamment fait les décors pour le défilé de mode de la créatrice londonienne Rocksanda dans un ancien parking (aujourd’hui restaurant) mais aussi les motifs de ses tricots de laine. Ce sont des petites pièces de céramiques que l’on trouvera cette fois présentés dans la galerie ainsi qu’une intervention sur un day-bed.
Par Eric Foucher
** Née en 1978 à Lausanne, Caroline Denervaud s’initie à la danse, contemporaine et classique. Par le geste, rythmé et à travers l’improvisation elle trouve un moyen d’expression fort, vibrant. Elle étudie la danse, la chorégraphie et la méthode Laban au Laban Center à Londres puis explore une recherche plastique aux Beaux-Arts de Paris. Caroline finit par étudier le stylisme de mode au Studio Berçot. Aujourd’hui, ses oeuvres sont présentées de Los Angeles à Melbourne, de Paris à Londres et demain : Marseille (Source : Double V Gallery)