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D’incolores idées vertes dorment furieusement

7 mai 2016 @ 14:00 - 16 juillet 2016 @ 18:00

Entrée libre

D’abord, repérons-nous

Il y a des mots, il y a des titres, il y a de petits guides, comme lire dehors. L’écrit affirme son autorité : il confie une solution, énonce une vérité, amène un dénouement. Tout est clair, posé, précis, indiscutable.

Et puis, là-même, se loge ce petit ferment de la règle, qui la dérègle : la foi. Les boulettes de mangeable sont comestibles. Même si vos yeux ne peuvent le voir et qu’aucune raison ne vous est donnée, fiez-vous à la promesse du mot : croquez ! (…)

Puis, en confiance, accueillons l’invisible

Regardez, derrière la balustrade, par terre, au sol, tous ces verres transparents alignés. Chaque jour, marquant son passage dans le lieu, Ahram a posé un verre, à droite du précédent ; ou a laissé un espace pour marquer son absence, certains jours. Ce qui se produit est une lente indication du temps qui passe : chaque jour la ligne s’étend, mais aussi et surtout, chaque jour, quelques gouttes disparaissent. En toute logique physique, l’eau s’évapore. Toutefois, le décalage d’un verre à l’autre est peu visible. (…)

Levez la tête : prenant le relais des verres, des dessins au crayon s’alignent sur le mur. Encore en transparence, des empreintes digitales se déclinent. Une première trace, rouge, inaugure la série c’est ce qu’on dit.

Puis, minutieusement décalquée, sa descendante est posée à côté. Cette première copie est ensuite elle-même décalquée. Et, à son tour, cette nouvelle copie est décalquée…

(…)

Et perdons-nous un peu.

S’il est encore question d’accumulation, des dessins de qu’un, pourtant, on n’en voit plus qu’un, isolé, au milieu d’un mur gardant trace des clous qui maintenaient les 99 autres. Les dessins invisibles sont destinés à être donnés, dispersés. L’installation se décompose. (…)

Et c’est inévitablement encore d’organisation dont il est question dans pourquoi il faut ranger sa chambre ou pourquoi il ne le faut pas. Deux tas, l’un agencé pour prendre le plus de place possible, l’autre le moins possible. Lequel est rangé ? lequel est dérangé ? (…)

Tout, alors, se fait langage

Il y a des règles, il y a des structures, il y a des normes, il y a des mesures, il y a beaucoup d’organisations. Géographiques, spatiales, architecturales, chimiques, elles se dérèglent : ce n’est plus ce qu’elles mesurent qui est exposé, mais l’acte même de l’organisation – ou de la mesure, du temps dans cloche sonne, de l’espace dans tirer. L’organisation s’ouvre à l’interprétation et à la déclinaison infinie. Comme les verres exposent le temps à la mesure du passage d’Ahram, comme la ficelle l’espace au jugé des spectateurs, les systèmes s’expérimentent.

(…)

(D’après le texte Traduire. Presque aveugles. de Marion Delecroix)

Ahram Lee

Née en 1980 à Séoul (Corée du sud), elle vit et travaille à Marseille. Sans médium de prédilection, son travail joue des seuils de visibilité, de lisibilité et d’intelligibilité, en s’appuyant sur une singulière économie de moyens matériels et formels. Elle organise un monde réglé par des gestes méticuleux qui interrogent le principe de la mesure et son potentiel créatif selon des modèles issus de la Grammaire Générative chère à Noam Chomsky, dont la formule emblématique « d’incolores idées vertes dorment furieusement » prétexte l’exposition.

Une exposition dans le cadre du PAC 2016 à Marseille.

Détails

Début :
7 mai 2016 @ 14:00
Fin :
16 juillet 2016 @ 18:00
Prix :
Entrée libre
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