Elodie Bruno « made for those who wander », tout un programme ou plutôt un rêve comme le suggère l’accroche. Il y a 5 ans, l'ancienne directrice artistique pour le spectacle et la mode lance à Paris où elle vit depuis 20 ans une marque de chaussure éponyme. Son ADN ? Elle revisite les classiques qui chaussent nos pieds depuis l’enfance (rythmique de gymnastique, boots tressées, espadrilles) et leur insuffle un air nouveau, toujours dans un souci d’élégance et de légèreté. A l’occasion de son premier pop-up dans la Maison Buon, nous avons voulu savoir s’il était facile de faire le grand écart, de sauter du macadam parisien aux rochers calcaires de Marseille où elle est née et où elle vient de s’installer.
Vos premiers modèles s’inspirent des rythmiques de danse que l’on portait en cours de gymnastique. D’où est venue cette idée ?
En réalisant une scénographie pour une marque enfant qui s’exposait à Tokyo, j ‘ai (re)craqué devant le modèle en tissu basic noir ou blanc qui existe depuis nos cours de gymnastique. J’ai ressenti qu’il était bien inscrit dans notre inconscient collectif. Je trouve la ligne de cette chaussure très graphique. Le challenge était de l’adapter, de le faire vivre différemment. Ce modèle de par sa fonction première inspire l’idée du mouvement, de la liberté.
Comment se faire une place dans l’univers très fermé de la chaussure ?
Mon parcours d’autodidacte fait qu’en général, je ne réfléchis pas trop à comment. Cela a des bons et des moins bons côtés. L’instinct, l’envie sont mon principal moteur. Aujourd’hui l’expérience m’a appris que cela ne suffit pas. Apprendre à se protéger (je parle contractuellement) avec les fabricants reste primordial, pour eux comme pour les créateurs. La fabrication est le nerf de la guerre et fabriquer en France est difficile aujourd’hui.
Le procès de création d’un modèle ?
La spontanéité, l’inspiration au bon moment, l’échange avec les fabricants, le partage de leur expérience, les contraintes techniques, le coût du produit, c’est un tout qui doit s’harmoniser de la façon la plus juste possible et simplement apporter du plaisir à soi et aux clients.
Où sont-elles fabriquées ?
En France, à Palma de Majorque, au Portugal. Et qui sait demain ?
Quelques co-branding par le passé (Balzac). De nouvelles collaborations prévues ?
Probablement, je pense à collaborer avec une marque pour enfants. J’aime cette idée du partage Pour mon pop-up chez Maison Buon, j’ai invité trois autres marques parisiennes qui partagent mon univers : la marque de maroquinerie Yvonne Yvonne, les fameux t-shirts de Mytraveldreams et la nouvelle marque pour kids La_Demo…dont la créatrice parisienne est née elle aussi à Marseille.
Vous naviguez maintenant entre Paris et Marseille. Est-ce le juste équilibre ?
Le parfait équilibre pour aujourd’hui en tout cas, car je voyage beaucoup. Marseille est une ville ultra vivante, brute. Il y a dans l ‘air quelque chose d’électrique, mais sans pression. Marseille n’est pas une ville dans la séduction, elle n’est pas là pour vous plaire, c’est l’Amour ou pas ! Et puis ma famille est ici.
Paris, est délicate, riche et très exigeante… Cette exigence au quotidien commencer à prendre le pas sur certaines choses essentielles pour moi, même si j’ai besoin de cette ville ! J’y suis une fois par mois, et surtout j’y ai la plupart de mes amis. Pour résumer, j’ai besoin de Marseille, j’ai envie de Paris. Et mon chéri parisien pure souche est supporter de l’OM alors bon !
Comment voyez-vous l’évolution de la marque (d’autres modèles, de l’homme…) ?
A l’international, la marque est déjà distribuée au Japon et USA pour ne citer que les marchés les plus porteurs. Les évolutions futures ? Élargir l’offre aux vêtements, accessoires et à la déco mais surtout mettre l’accent sur les savoir-faire dans chaque pays. Les fabricants devront respecter les standards éthiques, ce sont aussi nos nouvelles batailles.
Quelques ambassadrices vagabondes connues ?
Toutes mes clientes gagnent à être connues ! ;))) Sinon, l’actrice Naidra Ayadi qui a joué dans la série de Zabou Paris etc. a craqué pour les boots tressées, lors du tournage du prochain film de Lisa Azuelos. Dans LARGUÉE de Éloïse Lang, Miou-Miou porte aussi nos boots. Et ma sœur bien sûr qui s’appelle Vanessa Bruno… je précise : aucun rapport avec la créatrice. C’est simplement le nom de notre père (;))))
Propos recueillis par Eric Foucher – Photo Vanessa Bruno
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