Il y a 20 ans, un jeune homme défrayait la chronique judiciaire en même temps qu’il se faisait un nom à Marseille. Suite à l’expo « Tout ce que je vous ai volé » au MAC où il présentait 42 objets volés par ses soins « à l’institution, l’entreprise, l’association, aux personnes ici et ailleurs», ses démêlés pour vol et recel ne faisaient que révéler au grand jour sa défiance face aux institutions et à la notion de propriété. Ce fût aussi le déclencheur d’un parcours hors des sentiers battus et empli de projets protéiformes mais toujours avec cette farouche volonté de n’appartenir à aucune chapelle (pas plus celles des artistes, que des designers, des professeurs ou des artisans) tout en communiant dans chacune d’elle. Depuis le projet de skatepark baptisé Bowliwood dans les quartiers Nord (et qui ne verra malheureusement jamais le jour) jusqu’au lancement d’un jeu de raquette pour esthète de la balle, en passant par un projet de sculptures 3D, une chose est sûre « Parapo » n’est toujours pas là où on l’attend. 1- Artiste, designer, etc. tu refuses les étiquettes. Par peur des corporatismes ? Non, parce que je crois que c’est en périphérie que les choses se créent, […]
Il y a 20 ans, un jeune homme défrayait la chronique judiciaire en même temps qu’il se faisait un nom à Marseille. Suite à l’expo « Tout ce que je vous ai volé » au MAC où il présentait 42 objets volés par ses soins « à l’institution, l’entreprise, l’association, aux personnes ici et ailleurs», ses démêlés pour vol et recel ne faisaient que révéler au grand jour sa défiance face aux institutions et à la notion de propriété. Ce fût aussi le déclencheur d’un parcours hors des sentiers battus et empli de projets protéiformes mais toujours avec cette farouche volonté de n’appartenir à aucune chapelle (pas plus celles des artistes, que des designers, des professeurs ou des artisans) tout en communiant dans chacune d’elle. Depuis le projet de skatepark baptisé Bowliwood dans les quartiers Nord (et qui ne verra malheureusement jamais le jour) jusqu’au lancement d’un jeu de raquette pour esthète de la balle, en passant par un projet de sculptures 3D, une chose est sûre « Parapo » n’est toujours pas là où on l’attend.
1- Artiste, designer, etc. tu refuses les étiquettes. Par peur des corporatismes ?
Non, parce que je crois que c’est en périphérie que les choses se créent, pas dans les milieux. Mettre une étiquette ne suffirait pas et en avoir une collection collée à la poitrine ne me fait pas rêver. Je joue au point fait, pas au point demandé. Comme je n’attends rien, je peux me consacrer bien plus au faire qu’au paraître, à l’attitude ou à l’étiquette. Pour répondre à ta question, j’ai pour réflexe de me présenter comme sculpteur.
2- Installé depuis très longtemps dans un Loft industriel de la Joliette, quel regard as-tu sur les mutations que connaît ce quartier?
Comme l’on a jamais la main sur le comment sont représentées nos vies sur le mode du plan et de la programmation urbaine, je crains de participer contre mon gré à cette étrange façon de voir la rénovation urbaine que l‘on appelle « gentrification », oui. Je suis « du quartier » depuis 20 ans, ici, car soucieux de trouver un lieu de vie comme j’aime et un lieu de travail à faible coût. Nous vivons une accélération sur les chantiers aux alentours et donc une envolée des prix. Nous ne dérogeons pas à la règle et à la façon de faire locale : faible prise en compte de la concertation, manque de vision, qualité environnementale, … situation connue sur l’ensemble du territoire. C’était un quartier abandonné depuis plusieurs décennies dont les pouvoirs publics, ville, Euromed, MPM, … se sont rendus compte soudain qu’il était au cœur du triangle MuCEM – St Charles – Croisières. Un quartier qui représente, sous la crasse joliment cultivée, un joli pactole. In fine, je suis souvent partagé entre partir ou attendre en admirant le spectacle. Ma chance c’est d’être cloué à ma table de travail (et que mon univers se résume souvent à cela) et de me rendre ainsi visible qu’aux heures des entrées et sorties d’école de mes enfants.
3-Ton activité n’est donc pas liée à Marseille?
Je ne présente pas de projet particulièrement à une ville et me déplacer pour réaliser mes projets est mon quotidien depuis 1996. Je suis dans une démarche d’autonomie financière depuis des lustres et produis mes projets et mes activités qui de temps en temps me le rendent bien. Toujours m’enchantent
4- On connaissait ton côté radical et nerveux. Avec Baliboa un aspect plus « père tranquille » et sage ? Les colères ont-elles disparues ou bien est-ce seulement la maturité ?
Je regrette de donner cette image de vénère radical que tu me présentes-là car c’est vraiment pas comme cela que je ressens le temps passé avec moi-même (rire). Je suis conscient d’être engagé et d’aimer discuter fortement car je crois à l’échange et à la force de l’échange. Je crois que je suis très gourmand de la vie et que je peux effrayer par l’engagement que la gourmandise libère. Baliboa c’est un peu cela, ce n’est pas si tranquille et sage. C’est l’échange et sa puissance. Ce que tu peux faire pour l’autre et finalement ce que tu peux faire pour le moi et le nous.
5- Qu’as-tu appris au travers l’expérience Baliboa ?
Qu’il ne faut pas écouter les amis (rire) ou en changer souvent (rire). Plus sérieusement que l’on pouvait aisément passer du vol aux raquettes.
6- Un nouveau projet (« vous êtes le modèle ») vient de germer dans les unités de logements Galaxie – Woluwé St Lambert en Belgique. Peux-tu nous en dire plus ?
C’est un projet qui à 3 ans. Une candidature pour une commande publique lancée par la Société de Logement de la Région Bruxelles et qui commence cette semaine par une phase d’ateliers in situ. L’objet sera de d’interroger les notions de modèle et de statuaire. Je propose de scanner la physionomie des résidents volontaires afin de constituer une sculpture en bronze. Quelque chose de très classique utilisant les truchements que la 3D permet. C’est un projet complexe qui aboutira au printemps prochain.
(Propos recueillis par Eric Foucher / Photo : Renaud Marco )
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