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Artiste-designer, le discrète Sarah Espeute fait beaucoup parler d’elle. Enfin ce qu’elle nomme ses "Œuvres sensibles", qui réconcilient l’art et l’artisanat et ont fait le tour des rédactions. Entre résidences d’artiste et collaborations avec des marques déco en vue, nous l’avons rencontré dans son atelier.

A l’étage d’une ancienne fabrique dans le quartier du Camas, l’atelier de Sarah Espeute lui ressemble. Une salle à manger aux teintes douces, baignée de lumière et comme hors du temps, dans laquelle on peut découvrir ses dernières créations.

Ses nappes, serviettes et chemins de table brodés bien sûr, qui l’ont fait connaître au grand public et valu de jolies collaborations aux cours des derniers mois. Citons entre autres les « Jolies rencontres » avec Sessun l’hiver dernier, Le Tanneur Official et le Bon Marché au printemps, la Paris Design Week et l’exposition “Fabriqué en France” de Merci Paris et la “Paris Design week” en cette rentrée. Excusez du peu ! Mais aussi sur des châssis de nombreuses toiles abstraites, sa première passion, et des graffitis sur carreaux de ciment et plâtre colorés, son nouveau projet du moment, prêt à être embarqués pour se résidence et exposition romaine chez la galeriste Laetitia De Galzain. 

Pas de quoi pour autant monter à la tête de cette ancienne étudiante en arts appliqués et communication visuelle à Olivier de Serres (ndlr : l’Ensaama de Paris où elle rencontrera Lucas, motion designer avec qui elle partage sa vie depuis dix ans). 

Celle qui cite volontiers des femmes Charlotte Perriand, Eileen Gray ou Valentine Schlegel comme inspirations pour son travail a aussi comme ses illustres devancières su transcender le quotidien et rendre beau les objets et décors usuels de nos intérieurs. 

Quel rapport entretenez-vous avec le Sud en général et Marseille en particulier ? 

Je viens du sud de la France, j’ai grandi entre Arles et Perpignan, j’ai donc baigné dans une ambiance et une lumière méditerranéennes. Je ne connaissais pas bien Marseille et après mon passage à Paris, j’avais très envie de revenir dans le sud tout en habitant une grande ville. Marseille s’est donc imposée comme une évidence. Je ne regrette pas mon choix, j’aime beaucoup ma vie marseillaise. C’est un sud dans toute sa diversité, ses couleurs et sa vivacité que je découvre et où je m’y sens très à l’aise. 

En quoi vos projets passés (Riso et Klima Intérieurs) vous ont aidée pour les Œuvres sensibles ? 

Avoir eu une imprimerie (spécialisée en Riso) m’a beaucoup fait évoluer dans l’univers de l’illustration et Klima Intérieurs m’a amenée à me questionner sur ma vision de l’Art et du Design. Ces deux expériences ont ouvert un champ d’expérimentation très large que j’ai ensuite redéfini et affiné à mon image et à ma propre perception sous l’Œuvre sensible. 

Pourquoi le choix de la broderie dans votre processus créatif dernièrement? 

La broderie m’est venue naturellement lorsque j’ai voulu fabriquer de mes mains et de manière autodidacte. J’ai toujours aimé le tissu et dans mon besoin de le personnaliser, de me l’approprier, broder m’est apparu comme un vrai moyen d’expression. 

Comment gère-t-on un succès aussi important que soudain quand on est encore une jeune artiste ? 

C’est génial ! C’est stimulant ! C’est beaucoup de travail en amont et après, tout le temps, mais mon travail c’est ma passion, alors simplement je kiffe. Ça me pousse à continuer, ne pas m’arrêter là, au contraire, aller plus loin ! 

 

Est-ce pour ne pas résumer votre art à la broderie que vous êtes revenue à vos premiers amours, la peinture ?

Tout comme la broderie, la peinture s’est inscrite dans la même recherche d’un moyen d’expression autodidacte dans le processus de création. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais j’avais très envie de me découvrir artistiquement à travers la peinture. La broderie et les nappes ont ensuite pris le dessus, je n’avais plus le temps de peindre. Pouvoir m’y remettre pour cette exposition à Rome a été une belle opportunité. 

Vous avez décliné ces graffitis à des éléments de la maison (sièges et bientôt tables). Un moyen de relier ce nouveau projet à l’art du quotidien et de la table qui vous est cher ? 

Oui, j’ai très envie de développer mon goût de l’objet du quotidien à travers mes expérimentations artistiques. La table est un élément essentiel dans un intérieur et ça m’intéresse de l’imaginer dans son intégralité, sa fonction et son esthétisme, nue ou avec une nappe. 

A quoi expliquez-vous la floraison créative qu’on remarque en ce moment à Marseille?

Quand on est dans la création, l’environnement compte beaucoup et Marseille favorise sans aucun doute la concrétisation de ces envies créatives. On y trouve une qualité de vie évidente, tout en étant dans une grande ville. Il y a aussi un effet pieuvre du réseau artistique de chacun. Quand tu déménages à Marseille, les amis te rendent visite, ça leur donne envie de venir s’y installer, à leurs amis aussi et ainsi de suite ! La boule de neige artistique. Ça ne veut pas forcément dire que le mouvement va se pérenniser, ce n’est peut être qu’une tendance.

De qui vous sentez-vous proche ici et envisagez-vous des collaborations avec d’autres artistes ou artisans ? 

Je me sens proche de beaucoup de personnes qui essaient de construire leur projet à Marseille comme mes amies d’Oros, Azur, Memori, Léa Bigot… mais aussi de ceux qui y sont établis depuis plus longtemps comme la Maison Marseillaise, Sessun, Archik… petit à petit j’arrive à créer des liens sur le sol marseillais, ça prend un peu de temps à construire, mais c’est dans l’ordre des choses de ma façon de concevoir mon travail. 

Après le quartier du Camas à l’étage d’un atelier collectif, direction la Canebière prochainement. Qu’attendez-vous de ce nouvel espace ? 

Plus d’espace ! Je commençais à être sérieusement à l’étroit. Même si j’adore cet atelier, j’ai maintenant besoin de pouvoir exposer, y travailler à plusieurs et recevoir mes clients librement. J’ai hâte de créer ce nouvel espace qui sera un atelier et un showroom à mon image. 

Quels sont les adresses où vous aimez traîner à Marseille ? 

Je traîne beaucoup dans mon quartier, le Camas. Il y a une vraie vie de quartier, on croise souvent des gens que l’on connaît, c’est un peu comme un village et on trouve quasiment tout ! 

Photos et propos recueillis par Eric Foucher