Quoi ? : Chanteur et Guitariste
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Emmenée par la voix ténébreuse de son leader Jules Henriel, le groupe Parade trace le sillon d’une post-pop sombre et envoûtante en prise directe avec notre époque désenchantée.

 

La photo des quatre membres du groupe (Jules, Marine, Nicolas et Mathieu) lunettes et  tout de noir et blanc vêtus semble tout droit sortie d’un numéro des Inrockuptibles de la fin des années 80, quand le magazine se faisait l’écho du renouveau d’une pop assez sombre teintée de psychédélisme et d’électronique du côté de Manchester. Une période qu’ils n’ont bien sûr pas connue tout comme la précédente ou Joy division – auquel on compare souvent Parade – et son leader Ian Curtis incarnait le spleen mancunien à l’ère du thatchérisme. A bien y écouter, les guitares énervées du groupe et la voix rauque de son leader renvoient, elles, plus volontiers au rock garage de Télévisons, au Post Punk de the Sound, ou au Strokes si l’on voudrait se hasarder à des comparaisons plus récentes.  En tout cas – et c’est ce qui est le plus réjouissant dans cette histoire – Parade ne ressemble en rien à ce qui se fait en ce moment dans le sud pour qui a pu les écouter lors du concert de sortie de leur premier EP au Couvent Levat. A l’heure où la musique se résume principalement à « faire des sons » (comprenez bidouiller des boucles piquées à droite et à gauche en ajoutant quelques rimes pauvres passées à l’auto tune pour faire de la thune) l’émergence de ce jeune groupe sur la scène du sud à quelque chose d’inespéré. Rencontre avec son chanteur et guitariste dans un rade de quartier entre deux séances de récupération de points (ndlr : la rock and roll attitude ça existe toujours mais on la paie plus cher 🙂 

 

Ton background est assez atypique pour la scène rock.  Peux-tu nous raconter ?

Je suis originaire de Montpellier. Il y a trois ans,  j’y ai fini mes études, un Master 2 en finance, avec une alternance dans une banque. J’ai ensuite accepté un poste dans une banque qui m’a conduit à Alès puis Marseille.

Comment passe-t-on de chargé d’affaires à leader d’un groupe rock ?

En passant par une grosse dépression (rires). Un an de flou total où l’on décide de se lancer à corps perdu vers ce qui nous fait vraiment vibrer. La guitare en ce qui me concerne que je pratiquais déjà en amateur. Puis il y a une rencontre, celle avec Nico un autre guitariste avec qui je monte une petite formation. Ensuite les choses s’enchaînent très vite : un premier showcase chez Lollipop (disquaire et label rock de référence à Marseille). Puis un passage à la Machine à coudre (regrettée salle de concert du quartier de Noailles à Marseille) où l’on rencontre Matthieu, batteur des Quetzal Snakes, un groupe punk déjà connu à Marseille. Il décide de nous rejoindre pour un premier enregistrement en avril 2019, tout comme Marine qui vient compléter la formation à la basse et réalisera nos vidéos.

Quel fût l’accueil dans la petite scène locale ?

Ce petit monde là nous a fait une belle place. Que ce soit avec Stéphane (ex. Neurotic Swingers et actuel The Pleasures) du Label Lollipop qui nous a signé, l’association Phocéa qui nous a programmé très vite sur la Rue du Rock ou Sarah et Gilles de La Meson qui managent le groupe maintenant. On a été portés par ces gens-là. On avait besoin de ça pour prendre confiance.

N’est-ce pas un peu flippant de se lancer, compte tenu de l’économie de la musique actuellement ?

C’est sûr que l’on fait une musique de niche. Cela peut vite être très dur pour qui ne veut pas vendre son âme au diable. J’ai par exemple préféré bosser dans un restau et même être Dj dans des mariages plutôt que de faire des choses qui ne me correspondaient pas.

Pour autant le succès est arrivé très vite pour vous…

C’est vrai. Suite à un concert en janvier au Moulin, on a appris que l’on était sélectionné pour le Printemps de Bourges. L’événement a malheureusement été annulé mais on a pu se produire devant des professionnels car leur festival les Inouïs (qui présente 34 groupes français sélectionnés en région) a été maintenu en septembre dernier, sponsorisé par une banque. C’est un joli pied de nez (rires).

Comment composez-vous vos titres ?

J’écris les paroles et la ligne d’accords et après chacun y met du sien. J’ai une approche assez métaphorique de la vie. Je m’inspire bien sûr de mon vécu mais je laisse les paroles le plus ouvertes possibles à l’interprétation pour qu’elle puisse parler à tout le monde. « Are we getting weaker » a été  inspiré par le confinement. « Highway » est plus rentre dedans. Le rock c’est sérieux. J’ai du mal avec le côté rigolard du punk basique.

La pochette de votre mini-album qui mélange les époques en samplant les illustrations représente bien l’énergie de votre musique.  

C’est le belge Elzo Durt qui l’a réalisé. On avait beaucoup aimé ses collaborations avec le label parisien Born Bad (ndlr il a réalisé les pochettes de La Femme, Frustration, Cheveu…)

Tu joues aussi hors du groupe ?

Oui j’ai besoin de cette liberté. On a créé Half-Parade avec Nico et je joue aussi seul en acoustique car j’adore la folk (Dylan en tête) et la brit pop (Stones Roses, Pulp, James, etc) Je fais des sets d’une dizaine de composition perso avec deux ou trois reprises.

Que peut-on vous souhaiter maintenant ?

De reprendre le chemin de la scène au plus tôt !

Propos recueillis par Eric Foucher

Photos N&B François Guery