Ex-chanteur et guitariste du groupe de rock Nation All Dust, Mathieu Poulain s'est transformé en tigre pour nous chanter des chansons plus folk sous le nom d' Oh! Tiger Mountain.
“Veritable Elliott Smith du XXIe siècle” en plus pêchu comme le qualifient cetains depuis la sortie de son premier album “Sing Suzie”, ce songwriter originaire de Salon de Provence sort son second opus “The Start of Whatever”. Mathieu Poulain dit “le Tigre” nous a accordé quelques minutes pour faire plus ample connaissance et nous raconter comment s’est passé l’écriture de “The Start of Whatever”.
Qu’écoutes-tu pour te réveiller le matin en ce moment?
Ça dépend des périodes, j’écoute de tout. En ce moment, j’écoute de la musique africaine, en particulier le disque de Dr.Nico, un guitariste des années 60 que j’ai découvert via internet au milieu de mixes.
Comment découvres-tu les groupes à écouter du moment?
Cette année, j’en découvre plus facilement via internet que dans la presse, surtout des blogs de musiques du passé qui mélange des BO, des disques de blues, des disques de synthé un peu étrange, mais aussi sur des blogs de particuliers qui font des compils des disques qu’ils dénichent tels que toysandtechniques et un mixcloud qui s’appelle Pattern and Shape. Sinon pour les nouveautés, je vais sur des sites internet comme Pitchfork.
D’où as-tu puisé l’inspiration pour ces nouvelles chansons?
Pour le son, je me suis servi d’un machine de studio analogique des années 70 (un vieil Echo à bandes) qui a un son qui se trouve sur tous les morceaux de l’album et je me suis aussi inspiré du son onirique des vieux disques avec des reverbs de l’espace. Les musiciens avec lesquels je travaille comme Kid Francescoli, Simon Henner et Johnny Hawai m’ont influencé dans ma manière de faire aussi. Puis il y a aussi le groupe Broadcast, dont la chanteuse est décédée il y a peu de temps, que j’ai découvert sur le tard et qui m’a bouleversé.
Donc tu ne fonctionnes pas uniquement à l’émotion?
Les chansons s’inspirent de notre société et de différents sujets qui me désarment beaucoup tels que la crise, le mal-être, la normalité. Ce disque parle aussi du choix d’être musicien, de la décision d’assumer de vivre dans une réalité incertaine d’où le titre de l’album. “The Start of Whatever” parle du moment où tu prends conscience que ta vie est placée sous le sceau de la musique.
Apprécies-tu les genres musicaux différents des tiens, voire totalement opposés?
J’écoute pleins de choses: jazz, free jazz, blues, musiques indiennes, musiques de film. Plus je vieillis moins le style de musique que j’écoute est défini. J’ai commencé à écouter exclusivement du rock à 13 ans en disant que le reste était de la merde et maintenant j’écoute de l’accordéon (ndrl: rires).
Pourquoi avoir choisi de faire, ce que la presse appelle, de la musique “pop-folk”?
J’ai commencé seul avec ma guitare donc c’était folk. J’avais pris le chemin le plus court sans me prendre la tête. On dit “folk” mais il n’y a pas de guitare acoustique sur le prochain disque. Les gens définissent ma musique comme ils le veulent. L’essentiel est que dans “pop” et “folk” il y ait des chansons et c’est exactement ce que je fais avec des couplets et un refrain.
Est-ce que l’univers « pop-folk » n’est pas plus délicat à vendre?
Oui, dans une certaine mesure. Pas tant sur disque mais plutôt en concert. Pourtant les concerts d’Oh! Tiger mountain ne sont pas des moments de messes folks où tout le monde écoute en retenant sa respiration mais ressemblent à des concerts de rock. Il y a plein de types qui ont commencé en étant folk et qui ont fini par faire d’autres choses comme Bob Dylan ou Neil Young.
Quels sont les canaux qui te font connaître?
Ceux qui sont à la disposition du musicien indépendant (internet, blogs, petits concerts, etc). En investissant un peu d’argent, tu peux commencer à réfléchir à toucher des médias tels que des quotidiens plus difficiles d’accès. Mais avant tout, c’est l’engagement du public et surtout des blogs qui m’ont beaucoup aidé tels que la Blogothèque ou Gonzai qui ont soutenu le projet depuis le début qui ont contribué au bouche-à-oreille. Cependant, il est vraiment compliqué de toucher d’autres médias.
Accordes-tu réellement de l’importance à ta tenue de scène ?
Je crois. C’est pas travaillé mais je m’habille bien, un truc que j’ai toujours fait. Avant j’avais presqu’un déguisement mais j’ai enlevé beaucoup d’artifices. C’est plus sobre mais j’enfile un beau costume, une belle chemise. En tout cas de loin, il est beau. Donc c’est l’essentiel (ndlr: rires).
Tu chantes toujours en anglais. Est-ce lié à une volonté d’exporter ta musique?
Non, en fait c’est ce que je sais faire surtout. J’ai essayé récemment de chanter en francais pour la première fois et ça s’est bien passé. C’était une reprise des années 60 qui est sur Bandcamp d’ailleurs. Ça m’a amené à revoir mon jugement et je pense que je vais aussi me mettre à chanter en espagnol.
Tu lis beaucoup, si tu devais conseiller un livre, quel serait-il? Pourquoi celui-ci plus précisément ?
Un livre de Raymond Carver sans hésitation. Il me touche plus particulièrement, je ne saurai pas te l’expliquer mais c’est très minimaliste et souvent des nouvelles. Ça vaut vraiment le coup. “Parlez-moi d’amour” est magnifique et l’adaptation de Short Cuts de Robert Altman est superbe!
Ton album est sorti le 3 Mars 2014, es-tu excité ou stressé?
Stressé. J’espère que les gens vont l’écouter. J’ai investi beaucoup de temps à faire le disque et surtout prêté vraiment attention à la manière dont il va sortir contrairement au premier.
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En attendant le nouveau clip, découvrez ou redécouvrez 1995 qui l’a fait connaître dans la pastille vidéo