Dans un ville de la lumière et de la couleur, il a choisi le noir et blanc. Pour son projet photo, des snapshots avec son téléphone. Avec ces paparazzades dont les stars sont les gens de la rue, Eric Pringels nous donne sa vision de Marseille.
C’est du street syle bien moins angélique et vide de sens que celui proposé par de nombreux blogueurs squattant les fils des réseaux sociaux. Pourtant ce projet au long cours signé Eric Pringels n’a rien d’autre à vendre qu’une radiographie du Marseille d’aujourd’hui. C’est justement tout ce qui en fait sa richesse et sa singularité.
Designer d’expériences, qu’elles soient virtuelles au travers d’interfaces digitales ou réelles via des projets artistiques et citoyens comme Yes we camp ou Marseille 2013 (l’historique qui deviendra le OFF), Eric Pringels s’est lancé il y a tout juste un an dans un nouveau projet photo. Après celui sur les culs de camions au travers duquel il s’imaginait les conducteurs, l’homme d’origine belge et suisse ose s’approcher un peu plus du vrai visage de Marseille, sans en masquer ni ses défauts ni ses imperfections.
Plus aucun intermédiaire entre sa vision des acteurs de la rue et la galerie de portraits qu’il nous donne à voir : prise de vue bien sûr mais aussi traitement de l’image, sélection et publication sont faits directement depuis son smartphone.
Pas de mise en scène dans ses clichés mais tout de même des parti-pris comme l’angle de prise de vue (la contre-plongée) et le noir et blanc comme un clin d’œil aux images glamour et très contrastées des années 60. Mais sur la célèbre Canebière, son premier terrain de jeu, l’élégance vestimentaire et les jolies terrasses de café ont fait long feu. Les casquettes et survêts ont remplacé vestons et chapeaux, les snacks aux devantures criardes les vitrines raffinées.
Il y a beaucoup à lire dans ses instantanés volés aux passants-modèles. Black, blanc, beurre, jaune ou café au lait, beaucoup plus de nuances sur le quotidien marseillais que ce qu’on nous donne à voir d’ordinaire. Le cosmopolitisme vous saute à la gueule dans cette ville monde où la misère et la crasse n’est plus cachée, où les odeurs transpirent des images.
Une chose frappe l’attention. Les sourires ont disparu des visages. Le passant sans soucis a laissé sa place à l’actif pressé le portable vissé à l’oreille, au désœuvré qui tient le mur le regard dans le vague. Tapins maquillés comme des voitures volées, racailles fières comme Artaban, étudiants rêveurs, touristes égarés, rombières accrochées à leurs sacs à mains ou vieux marlous blasés de tout, la Canebière est devenue un studio à ciel ouvert, comme un microcosme fascinant. Il s’est maintenant déplacé vers de nouveaux terrains d’étude aux Catalans, rue Sainte, Vieux-Port, etc.
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