Le foot, sport populaire... Mais qui a aussi sa part sombre. À commencer par les ballons, souvent fabriqués à l'autre bout du monde dans des conditions déplorables. C'est la raison d'être de Vista, qui a inventé le ballon éco-responsable en partie made in Marseille.
« Avec ma femme, nous essayons de consommer éco-responsable.
Un jour, nous avons eu besoin d’un ballon de foot, alors nous avons cherché une alternative à ceux que l’on achète en magasin de sport classique – avec ses matériaux polluants, ses ateliers lointains et ses employés mal payés. Et on s’est rendus compte qu’il n’y en avait tout simplement pas.
Alors on a commencé explorer la question : Pourquoi cette absence de solutions plus responsables ? Qui fabrique les ballons, à partir de quels matériaux, où, et que deviennent-ils une fois inutilisables ? »
C’est comme ça que l’aventure Vista a commencé pour Jean-Baptiste, repenti du milieu bancaire et fondateur de la marque Vista. Depuis 2020, entouré de deux écoles d’ingénieurs, il s’est donné pour mission de créer un ballon éco-responsable, produit sans nuire à la planète et ses habitants, tout en gardant un prix accessible – pas plus de 50 euros.
Mais rendre le projet concret n’a pas été une mince affaire. Car depuis deux ans, l’activité principale de Jean-Baptiste, c’est de surmonter les obstacles. Prenons les matériaux, par exemple. Pour éviter les matières pétro-sourcées (plastique notamment) et être au maximum dans une économie circulaire, l’une des solutions est d’utiliser des restes de cuir. Problème : la France n’a pas le savoir-faire ni les infrastructures nécessaires pour récupérer et agglomérer les déchets des tanneries. Même problème avec la couture : après des tests avec plusieurs grandes maisons de maroquinerie, il s’avère qu’aucune n’a les machines nécessaires pour coudre une telle épaisseur – et qu’une couture main faite en France reviendrait beaucoup trop cher…
Deux ans de recherche n’ont donc pas été de trop pour arriver à un compromis socialement et écologiquement sinon 100 % responsable, au moins le plus responsable possible. Les premiers ballons Vista sont nés au printemps 2022 ; ils sont fabriqués moitié au Kenya et moitié en France, à partir de 50 % de matériaux upcyclés.
Concrètement, ils commencent leur existence dans les locaux de l’entreprise sociale kenyane Alive and Kicking. Celle-ci fabrique la matière première à partir de déchets de tanneries, et effectue 80 % du travail d’assemblage – tout en garantissant une certaine qualité de vie et d’éducation à ses employés. Lorsqu’il ne reste plus qu’une ou deux pièces à assembler, les ballons viennent en France, dans le petit atelier marseillais de Vista, hébergé par l’association La Ficelle. Les dernières coutures sont faites à la main par trois salariés en insertion. Parallèlement, dans une optique zéro-déchet, Vista propose de réparer des ballons abimés : particuliers ou clubs peuvent se mettre en lien avec l’atelier pour voir si la réparation est techniquement faisable.
« En sport, avoir la vista, c’est avoir une bonne vision, une bonne analyse du jeu », explique Jean-Baptiste.
Convaincu de l’intérêt de la démarche et fidèle au nom de se marque, il continue donc à explorer les possibilités et à voir loin. Ses prochains projet : développer l’activité de réparation, développer une filière de recyclage, essayer de rapatrier une plus grande partie de la fabrication en France… Avec toujours un objectif : créer de nouveaux emplois en insertion, tout en limitant la pollution liée à la fabrication des ballons.
Les ballons Vista peuvent être acheté sur leur site internet mais aussi à la boutique Frap. La version enfant peut aussi être achetée dans le magasin pour enfants 1, 2, 3 Solène ! (boulevard Longchamp). Et pour les curieux et les curieuses, si vous achetez en ligne, vous pouvez retirer votre ballon directement à l’atelier : une bonne occasion de rencontrer l’équipe et découvrir les dessous de la fabrication de vos ballons ronds.
Le Petit Plus : Pour limiter les déchets, Vista récupère les ballons abimés en échange d’un bon d’achat de 5 €. Ils sont réparés et remis en circulation quand c’est possible ; sinon, ils sont recyclés dans les filières appropriées.
Par Julie Desbiolles
Photos : JD et Vista
