Terre de Mars est une ferme urbaine dont le propos est loin d’être utopique. Il répond au contraire à une demande de plus en plus forte de consommer sain et local. Le bon goût du champ à l'assiette c'est désormais possible !
Si on voulait prendre au premier degré le proverbe « c’est le chemin qui compte pas la destination», partir à la rencontre de Terre de Mars a de quoi rendre philosophe. Passés les usines et hangars sans âme de Arnavaux puis les nouveaux quartiers résidentiels de Sainte Marthe, vous serpenterez entre les murets de pierre le long du Canal de Marseille qui alimente la ville en eau et bien sûr les cultures des derniers maraîchers du Nord de la Ville.
Après le portail du Mas des Gorgettes, au bout d’une longue et majestueuse allée d’arbres sur un morceau de campagne préservé miraculeusement de l’appétit des promoteurs, on découvre une belle bastide, son parc à chevaux et ses rangées d’oliviers. Derrière elle, les premiers champs et serres cultivées en fruits et légumes par le collectif Terre de Mars. Depuis les dernières restanques, un panorama à couper le souffle sur la ville. Dans ce décor bucolique qui a tout de la carte postale, le mistral violent qui souffle ce jour là et oblige l’équipe à consolider à la va-vite les serres vient rappeler aux béotiens que cultiver sur ces terres est loin d’être une sinécure.
Cela n’a pourtant pas découragé cinq jeunes néo maraîchers (Manon, Maxime, Augustin, Pablo et Arthur) de se lancer dans l’aventure de produire des denrées alimentaires saines au plus près de la ville il y a trois ans.
Malgré leur jeune âge (tous moins de 30 ans) et leur jeune expérience en maraîchage (quatre d’entre eux se sont rencontrés sur les bancs de l’antenne marseillaise de l’école de paysage de Versailles) ce projet est loin d’être une chimère. Dans ce domaine appartenant à une même famille depuis plusieurs siècles, les propriétaires ont pris plaisir à voir des jeunes générations défricher et redynamiser le site. Des liens de confiance se sont tissés si bien qu’après un gros travail de défrichage et de réhabilitation du site, la surface cultivée n’a cessé d’augmenter jusqu’à cette 3ème saison: 500 m2 la première année, 2500 m2 la 2ème année et 7500 m2 cette troisième saison avec également des arbres fruitiers exploités en agroforesterie (superposition de cultures pour les espèces qui souffrent du vent et l’ardeur du soleil).
S’il subsiste encore deux familles de maraîchers traditionnels à Sainte Marthe (les familles Garnerone et Arcelano), Terre de Mars tout comme la ferme de Ravel à la Treille se singularise par un maraîchage diversifié puisqu’une quarantaine de variétés de fruits et légumes sont cultivés au fil des saisons selon les principes de l’agro écologie. Tomates, courgettes et aubergines en tête mais aussi foison d’autres légumes anciens ou plus rares que l’on prendra plaisir à redécouvrir.
La distribution de cette production en vente directe via des paniers (précommandés à l’avance) se fait auprès des habitants et des entreprises du quartier (Ricard et Cité des arts de la rue par exemple). Les gens viennent récupérer leur panier garni avec des produits de saison sur place chaque lundi entre 17 et 19h).
Récemment est venu s’ajouter le développement d’une activité de conserve (houmous de courgette, caviar d’aubergines, etc.) mais aussi une activité de traiteur (l’équipe s’est déjà a déjà participé à plusieurs reprises à des événement au MuCEM et au Grand marché de la Friche) pour valoriser les surplus de production.
Quant à l’avenir, il se fera sous le signe du partage puisque le collectif aimerait booster le volet pédagogique afin de faire découvrir au public ses cultures mais aussi son bureau d’étude. Ce dernier s’est déjà illustré avec Foresta dans les quartiers nord en accompagnant les porteurs du projet sur le volet paysage et agricole. Une pré-esquisse de l’aménagement du terrain, des analyses du sol pour se déployer sur le site et éventuellement produire des légumes pour fournir les établissements scolaires alentour a déjà été faite.
Le Petit Plus : un point de dépôt face à la gare Saint Charles (à l’Eco-motive plus précisément) vient d’être créé pour les habitant du centre-ville.
(EF)
