Sa cavalcade sur l’eau restera l’un des moments les plus forts des Jeux Olympiques Paris 2024. Le cheval mécanique ZEUS vient faire quelques galops sur le toit du Mucem à qui l’on a légué trois costumes emblématiques de la cérémonie d’ouverture.
Avec ses 1.80 mètre au garrot, il a été déposé avec majesté sur le toit terrasse du Mucem auréolé d’un mythe.
Sa tête sculptée en impression 3D, ses flancs martelés à la main, ses membres finement usinés : chaque pièce de son corps raconte l’alliance de la tradition artisanale et de l’innovation technique.
Né de la synergie des savoir-faire de l’atelier Blam – chaudronniers, mécaniciens, ingénieurs, designers et architectes – ZEUS est une créature collective. Ce cheval-fantôme des temps modernes qui glissait sur la Seine comme un mirage d’aluminium est actuellement ancré au sol à Marseille, mais toujours en mouvements.
Inspiré par les études du mouvement d’Eadweard Muybridge, ZEUS évoque un moment suspendu. Sa posture, à la fois monolithique et fluide, n’est pas sans rappeler l’univers sculptural de Charles Ray, où le réel devient étrange et sublime.
Un geste d’art total, entre force mécanique et poésie cinétique que Manolo Bez, fondateur du théâtre équestre du Centaure a accueilli débout sur son fidèle destrier lors d’une rencontre pleine de poésie.
Trois costumes, trois incarnations d’un récit olympique à la croisée de l’Histoire, du sport et de la création contemporaine ont aussi rejoint les collections du Mucem pour la postérité.*
Le Porteur de flamme, personnage central de la cérémonie, emprunte à l’imaginaire collectif français ses multiples visages : Belphégor, le Masque de fer, le fantôme de l’Opéra ou encore Arsène Lupin. Masqué, agile, insaisissable, il a traversé la capitale comme une allégorie vivante de la transmission. Incarné par onze figures du Parkour et du Freerun, il a conjugue prouesses acrobatiques et symboliques du mouvement dans la mise en scène de Thomas Jolly.
Les derniers relayeurs, vêtus d’un ensemble imaginé par Decathlon, ont clos le relais de la flamme dans le jardin des Tuileries. Leur tenue s’inspire de la jupe plissée iconique de Suzanne Lenglen, pionnière du tennis moderne. Pensé comme un manifeste en faveur de l’inclusivité, ce costume propose une esthétique fluide, affranchie des codes genrés traditionnels, en cohérence avec les valeurs d’égalité et d’ouverture défendues par la cérémonie.
Enfin, la silhouette de Marie-Antoinette, dans le tableau « Liberté », convoque les grandes figures de l’histoire française à travers le prisme de la culture populaire. Présentée à la Conciergerie, où la reine fut emprisonnée, elle apparaît dans une robe à la française d’apparat, coiffée d’une imposante perruque, et décapitée – la tête portant la voix révolutionnaire du chant Ah ! ça ira. Ce costume théâtral incarne une mémoire collective mouvante, entre pastiche, hommage et satire.
« Il s’agissait là aussi de faire rimer pop culture et répertoires. C’est le cas de la scène à la Conciergerie où résonne le « ça ira ». On y entend à la fois le groupe de metal Gojira et la chanteuse d’art lyrique Marina Viotti, qui elle-même est habituée à travailler avec du métal. »
« Nous ne fusionnons pas, nous montrons simplement que la société est déjà ainsi, en fusion. » (Patrick Boucheron, coauteur de la cérémonie d’ouverture des JO)
*À découvrir actuellement dans l’exposition « Populaires »
Par Eric Foucher