Marseille à travers le regard d'une centaine de ses prétendants, c’est que nous donne à voir ce livre. Il sélectionne les images embarquées sur leur téléphone qui célèbrent la belle sous toutes ses facettes, pour une nouvelle iconographie de la ville.
On ne dit plus maintenant d’une ville qu’elle est photogénique mais « instagramable », tant le réseaux social qui a donné son nom à cet adjectif a envahi nos vies. Avec plus d’un milliard d’utilisateurs dans le monde en seulement dix ans d’existence, il a transformé notre vision du monde pour le meilleur (la découverte et les regards multiples) et parfois pour le pire (le renforcement des clichés).
C’est bien sûr le premier aspect qui a intéressé Caroline Guiol & Sophie Sutra-Fourcade. Les deux auteurs de ce beau livre, amoureuses de leur ville, se sont questionnées sur la façon de rendre compte de cette passion de façon unique et originale. « La réponse la plus honnête, nous l’avons trouvé dans notre téléphone ».
Elles sont ainsi parties en quête pour l’éditeur Hervé Chopin de centaines d’images célébrant Marseille en scrollant le fil d’anonymes, baptisés « Igers » dans le jargon du réseau social.
Elles n’ont bien sûr eu aucune peine à trouver de belles images de la ville car elles abondent sur les réseaux sociaux – les calanques de Marseille étant même par exemple le deuxième décor le plus photographié en France après la tour Eiffel. Il faut bien avouer que toutes les conditions sont réunies ici pour aider le chasseur de (belles) images : une lumière qui a déjà attiré par le passé les plus grands peintres, des décors riches et variées entre terre et mer et des scènes de vie à chaque coin de rue.
La difficulté fut plutôt de sélectionner, parmi des centaines de galeries virtuelles, les images qu’elles coucheraient sur le papier. Parce qu’il s’agissait de rendre compte de Marseille sous toutes ses facettes, le livre revendique l’aspect hétéroclite de sa compilation. Il juxtapose des points de vue tous différents mais dont on perçoit néanmoins un trait commun au travers une scène de plage, un détail d’architecture ou un coucher de soleil mille fois recommencé : l’amour pour la ville.
Organisé en quatre saisons, ces photos volées à la vie phocéenne sont devenues un beau livre broché avec rabats où l’on retrouve sur 224 pages les images de 150 photographes, pour la plupart amateurs. « Garder l’éphémère capture, en conserver le sel », c’est aussi un joli pied de nez du papier au digital, non ?
Par Eric Foucher