Dominant la Corniche Kennedy et l’anse du Prophète, la Villa Santa Lucia est l’un de ces lieux où l’histoire, l’art et la nature se rencontrent. Classée Monument Historique depuis 2020 et dotée du label « Jardin Remarquable », cette demeure marseillaise incarne l’art de vivre de la villégiature méditerranéenne autant qu’elle raconte, à travers ses décors de rocaille et ses trésors botaniques un pan du patrimoine secret du Roucas Blanc.
Une villa aux multiples vies
En haut de l’interminable escalier de la montée de la Napoule depuis laquelle on aperçoit la mer et la plage du Prophète, une petite porte cache un trésor marseillais insoupçonné depuis plus de 150 ans.
Construite en 1860 pour la famille Baron, la villa encore modeste portait alors le nom de « Maison Blanche ». Elle sera par la suite agrandie et baptisée « La Meunière », avant de devenir « Santa Lucia », sans doute en hommage à la lumière exceptionnelle de ce site.
Dès 1892, la villa s’enrichit des spectaculaires aménagements de Gaspard Gardini, maître rocailleur italien, qui y laisse sa signature sur l’un des bancs de l’une des grottes du jardin.
Plus tard, dans les années 1970, le paysagiste Tobie Loup de Viane restructure le jardin et y introduit de nouvelles espèces exotiques.
À partir de 1984, Jean-Léopold Renard, passionné de botanique, transforme peu à peu le parc en véritable conservatoire végétal. Depuis 2016, sa famille poursuit ce travail de préservation et d’ouverture au public.
L’art des rocailles : féerie minérale et trompe-l’œil
Le jardin de la Villa Santa Lucia est l’un des plus beaux exemples de rocaille à Marseille. Cet art paysager qui consiste à modeler le ciment pour imiter la pierre, le bois ou la nature, fut ici magnifié par Gaspard Gardini.
Grottes de fraîcheur aux stalactites, passages secrets, bassins, cascades, belvédère aux balustrades de bambou… l’ensemble compose un décor onirique, véritable théâtre de jardin où la nature et l’art se répondent.
Après des travaux de restauration de rocailles entrepris en 2008, cet univers conserve tout son pouvoir de surprise, renforcé par les jeux d’ombre et de lumière propres au site.
Un jardin remarquable unique
Sur ses quatre niveaux en restanques, la Villa abrite aujourd’hui plus d’une centaine d’espèces méditerranéennes et subtropicales.
Pins parasols centenaires, cyprès de Florence, magnolias et palmiers cohabitent avec des collections d’agrumes, de succulentes et de quelques variétés rares.
Ce microclimat privilégié a permis l’introduction de plantes venues de tous horizons, faisant du jardin un lieu à la fois poétique et scientifique.
Trois intérieurs à découvrir
Lors des visites, trois pièces emblématiques de la villa peuvent également s’ouvrir aux curieux après la visite du jardin.
Le hall d’entrée avec ses deux colonnes en bois massif, ses lambris et son plafond à caisson ainsi que la cage d’escalier en chêne sont des espaces classés au titre des Monuments Historiques et un témoin de l’élégance bourgeoise de la fin du XIXᵉ siècle.
La salle à manger ouvrant sur la mer foisonne de barbotines – ces céramiques colorées – collectionnées par la famille Renard. Peintes ou émaillées (fontaine, cheminée, vases, cache-pots, assiettes) elles représentent des feuillages, fleurs, fruits, animaux. et sont une ode à la nature luxuriante environnante.
Le salon oriental, inspiré de la vogue orientaliste accueille une grande variété d’objets, de décors et de meubles ramenés notamment d’Asie et du Moyen-Orient (d’Inde, du Rajasthan, de Syrie, du Maroc, du Tibet, d’Indonésie, du Cambodge, d’Égypte, d’Afghanistan… etc.) par Jean-Léopold Renard, voyageur passionné.
Le Petit plus : le jardin de la Villa Santa Lucia est aussi ouvert pour « les Rendez-vous aux jardins « ( 1er week-end de juin); « Les Journées européennes du patrimoine » (septembre) et les « Journées nationales de l’architecture » (octobre) (tarif réduit à 5 € et gratuité dans certains cas)
Par Eric Foucher / Texte et photos









